mercredi 27 août 2014

46. LEON TOLSTOÏ : Le royaume des cieux est en vous


(...) en Novembre 1910, disparaissait Tolstoï,
 l’un des plus grands écrivains que la vie nous ait offert.
Tolstoï est avant tout connu pour son œuvre romanesque magistrale :

 Sa fresque des guerres napoléoniennes dans Guerre et Paix,
son expérience de laboratoire (telle qu’il la nommait)
pour décrire la vie contemporaine avec Anna Karénine.
 Puis "Maitres et serviteurs" qui peint encore une époque
où le servage est en cours d’abolition ;
enfin le magnifique roman sur la précarité de la vie "La Mort d’Ivan Illitch"
 où après les affres de la crainte de la Mort et l’attachement cupide aux biens matériels,
le riche protagoniste finit par trouver la libération
dans un ultime retournement de conscience :
 l’amour du prochain et l’oubli de soi-même.

Comme nombre de grands écrivains Tolstoï a été un grand mystique.
Après avoir acquis une immense notoriété en Russie,
il traverse une grave crise existentielle.
La vie lui apparaît comme absurde :
«Si je désirais quelque chose, je savais d’avance que,
que mon désir fut satisfait ou non, il n’en sortirait rien…
 Même connaître la vérité, je ne pouvais le désirer ;
parce que je devinais en quoi elle consistait.
La vérité c’était que la vie était une absurdité…
On ne peut vivre que tant qu’on est enivré par la vie ;
dès qu’on dessoûle, on ne peut pas ne pas voir
que tout cela n’est qu’une tromperie, une sotte tromperie !"
 (Confession, 1882).
 Tolstoï est dans cette période de crise, à l’instar de Lévine,
son double dans Anna Karénine, proche du suicide.

Il cherche désespérément à trouver un sens à sa vie,
 se remet à la lecture des évangiles.
L’étude et la lecture le conduisent à critiquer fortement l’église orthodoxe
 ainsi que toutes les formes de pouvoirs pouvant justifier et s’approprier
 le monopole de la violence réelle et symbolique.

Pour Tolstoï, le véritable christianisme a été dénaturé
 par les diverses églises et doit être redécouvert.
 Dans son essai "Quelle est ma foi ?"
 (renommé  "Le Royaume des Cieux est en Vous"),
 il critique férocement la tentative de synthèse de l’Eglise
entre Ancien Testament et Nouveau Testament.
 En effet, le Dieu de l’Ancien Testament apparaît
 comme vengeur et autoritaire, justifiant la Loi du Talion,
alors que le Dieu fait homme, incarné, du Nouveau Testament,
 est amour inconditionnel et pardon.
Pour Tolstoï, le Christ est par son enseignement
le premier à pouvoir casser la spirale de la violence
en opposant au mal, l’amour inconditionnel et le pardon.

En 1890, en jeune étudiant en droit nommé Gandhi entend parler de Tolstoï.
 Il lit l’Essai « Le Royaume de Dieu est en vous ».
Gandhi confie que ce livre l’a bouleversé.
 A l’époque, victime du racisme envers les Indiens en Afrique du Sud
(où il officie comme avocat),
 il est tenté par l’adhésion à des mouvements violents pour réagir à l’injustice.

 La lecture de Tolstoï le convainc que cette voie est destructrice et sans issue.
En 1909, les deux hommes entament une correspondance
et Gandhi souhaite que Tolstoï, devenu son père spirituel,
le soutienne dans l’organisation de son mouvement de résistance non-violente
dans la région Sud-Africaine du Transvaal.

 Peu de temps avant de disparaitre, Tolstoï affirme publiquement
 que le travail de Gandhi est "le plus fondamental et le plus important du temps présent".
 Ce que Tolstoï grand écrivain et penseur du XIXeme siècle n’avait pu faire,
évitant la vie politique, Gandhi le mettra en œuvre concrètement en Inde
 appliquant les idées de son Maître à penser.

Les deux contribueront ainsi à changer le monde
et l’idée fondamentale de la non-violence christique
 relayée par Tolstoï et appliquée avec détermination par Gandhi
conduira à la libération du joug autoritaire des colons anglais
et à la naissance de la plus grande démocratie pacifiste mondiale.

Tolstoï nous offre avec "Le Royaume des Cieux est en vous" une lecture salvatrice
 au même titre que l'étonnant ouvrage "Les Portes de la perception" de Aldous Huxley,
cet autre héros de la littérature qui nous offre sa vision mystique
 et son interprétation personnelle des messages
des plus grands sages de tous les temps dont celui du Christ.
.
Texte de Pale-Rider 75
Voir ICI
.

P-S : Ce livre, très longtemps censuré,
vient seulement d'être réédité...
cent ans après la mort de l'auteur
(en 2010)
.

46. CITATIONS CHOISIES


Le temps vient où toutes les institutions basées sur la violence
 disparaîtront par suite de leur inutilité, de leur stupidité,
 et même de leur inconvenance évidente.
Ce temps sera venu quand il arrivera aux hommes de notre société
qui occupent des situations créées par la violence,
ce qui est arrivé au roi, dans le conte d'Andersen intitulé "les habits neufs du roi",
 lorsque l'enfant, ayant aperçu le roi nu a crié naïvement "regardez, il est nu !".
Alors tous ceux qui le voyaient aussi, mais ne le disaient pas,
n'ont pas pu ne pas le reconnaître.

La même chose doit arriver pour tous ceux qui occupent par inertie
des situations devenues depuis longtemps inutiles,
 au premier qui s'exclamera naïvement :
 "mais il y a longtemps que ces hommes ne sont bons à rien !".
La situation de l'humanité chrétienne, avec ses forteresses, ses canons,
sa dynamite, ses fusils, ses torpilles, ses prisons, ses gibets,
ses Eglises, ses fabriques, ses douanes, ses palais, est réellement terrible;
mais ni les forteresses, ni les canons, ni les fusils ne tirent d'eux-mêmes,
les prisons n'enferment personne d'elles-mêmes, les gibets ne pendent pas,
les Eglises ne trompent personne toutes seules, les douanes n'arrêtent pas,
les palais et les fabriques ne se construisent pas d'eux-mêmes.
Tout cela est fait par des hommes.
Et, lorsque les hommes comprendront qu'il ne faut pas le faire,
tout cela n'existera plus;

Et ils commencent déjà à le comprendre
 Si ce n'est tout le monde, du moins les hommes de l'avant-garde,
ceux qui seront suivis par tous les autres.
Et cesser de comprendre ce qu'on a compris une fois est impossible,
et ce qu'ont compris les hommes de l'avant-garde,
les autres aussi peuvent et doivent le comprendre.
De sorte que le temps prédit où tous les hommes seront instruits par Dieu,
désapprendront la guerre, transformeront les glaives en socs de charrues
 et les lances en faucilles, où, en traduisant en notre langue,
les prisons, les forteresses, les casernes, les palais, les églises demeureront vides,
et les gibets, les fusils, les canons sans emploi,
n'est plus une utopie, mais une nouvelle forme de la vie
vers laquelle s'avance l'humanité
avec une rapidité de plus en plus grande.
.
¨Léon Tolstoï
.

lundi 21 juillet 2014

45. ELIF SHAFAK : Soufi, mon amour



J'avais entendu parler de ce livre...à plusieurs reprises
mais j'ai longuement repoussé le moment de le lire.
Ne faites pas comme moi : précipitez-vous,
c'est vraiment une "perle" !
.
Deux récits en un,
 puisque l'on y suit deux histoires parallèles,
qui se répondent "en miroir" :
celle d'une rencontre contemporaine
(entre une femme de 40 ans et un auteur inconnu)
et celle, au 13ème siècle,
de Rûmi, le grand poète et mystique,
et de Shams de Tabriz, son "alter ego".
.
Je ne vous en dirai pas plus sur l'intrigue,
car ce serait sans doute un peu long,
mais ce que je peux vous dire,
c'est que c'est vraiment un livre qui vous "happe"
et vous tient en haleine...
tout en parlant merveilleusement bien
de la "magie" de l'amour,
et de la façon dont il "change" totalement la vie
de ceux qui osent s'ouvrir à lui.
.
En outre, les quarante "règles de sagesse"
qui ponctuent le livre
sont de petites "merveilles"
à méditer longuement...
.

.
Bref, une excellente lecture pour l'été,
qui comble à la fois le coeur...et l'esprit !
.

45. CITATIONS CHOISIES

Les quarante règles de l'amour (début) :

1- La manière dont tu vois Dieu est le reflet direct de celle dont tu te vois.
 Si Dieu fait venir surtout de la peur et des reproches à l'esprit,
 cela signifie qu'il y a trop de peur et de culpabilité en nous.
 Si nous voyons Dieu plein d'amour et de compassion,
 c'est ainsi que nous sommes.

2- La voie de la vérité est un travail de cœur, pas de la tête.
 Faites de votre cœur votre principal guide !
 Pas votre esprit.
 Affrontez, défiez et dépassez votre nafs avec votre cœur.
Connaitre votre ego vous conduira à la connaissance de Dieu.

3- Chaque lecteur comprend le Saint Coran à un niveau différent,
parallèle à la profondeur de sa compréhension.
Il y a quatre niveaux de discernement.
Le premier est la signification apparente,
et c'est celle dont la majorité des gens se contentent.
Ensuite, c'est le batin le niveau intérieur.
Le troisième niveau est l'intérieur de l'intérieur.
Le quatrième est si profond qu'on ne peut le mettre en mots.
Il est donc condamné à rester indescriptible.

4- Tu peux étudier Dieu à travers toute chose
et toute personne dans l'univers
parce que Dieu n'est pas confiné dans une mosquée,
une synagogue ou une église.
Mais si tu as encore besoin de savoir précisément où Il réside,
 il n'y a qu'une place ou Le chercher :
dans le cœur d'un amoureux sincère.

5- L'intellect relie les gens par des nœuds et ne risque rien,
mais l'amour dissout tous les enchevêtrements et risque tout.
 L'intellect est toujours précautionneux et conseille : 
" Méfie-toi de trop d'extase ! "
 Alors que l'amour dit : "Oh, peu importe ! Plonge!"

6- La plupart des problèmes du monde viennent
d'erreurs linguistiques et de simples incompréhensions.
Ne prenez jamais les mots dans leur sens premier.
 Quand vous entrez dans la zone de l'amour,
le langage tel que nous le connaissons devient obsolète. 
Ce qui ne peut être dit avec des mots
ne peut être compris qu'à travers le silence.

7- L'esseulement et la solitude sont deux choses différentes.
Quand on est esseulé, il est facile de croire qu'on est sur la bonne voie.
La solitude est meilleure pour nous,
car elle signifie être seul sans se sentir esseulé.
Mais en fin de compte, le mieux est de trouver une personne,
 la personne qui sera votre miroir.
N'oubliez pas que ce n'est que dans le cœur d'une autre personne
qu'on peut réellement se trouver et trouver la présence de Dieu en soi.

8- Quoi qu'il arrive dans la vie, si troublant que tout te semble,
n'entre pas dans les faubourgs du désespoir.
Même quand toutes les portes restent fermées, 
Dieu t'ouvrira une nouvelle voie.
Sois reconnaissant ! 
Il est facile d'être reconnaissant quand tout va bien.
Un Soufi est reconnaissant non pas pour ce qu'on lui a donné,
mais aussi pour ce qu'on lui a refusé.

9- La patience, ce n'est endurer passivement.
C'est voir assez loin pour avoir confiance
en l'aboutissement d'un processus.
L'impatience signifie une courte vue, 
qui ne permet pas d'envisager l'issue.
 Ceux qui aiment Dieu n'épuisent jamais leur patience,
 car ils savent qu'il faut du temps
 pour que le croissant de lune devienne une lune pleine.

10 - Est, Ouest, Sud, ou Nord, il n’y a pas de différence. 
Peu importe votre destination assurez-vous seulement
de faire de chaque voyage un voyage intérieur.
Si vous voyagez intérieurement,
vous parcourez le monde entier et au-delà.

11 – Les sages-femmes savent que lorsqu’il n’y a pas de douleur,
 la voie ne peut être ouverte pour le bébé
 et la mère ne peut donner naissance .
De même pour qu’un nouveau Soi naisse, les difficultés sont nécessaires.
Comme l’argile doit subir une chaleur intense pour durcir, 
l’amour ne peut être perfectionné que dans la douleur.

12 – La quête de l’Amour nous change. 
Tous ceux qui sont partis à la recherche de l’Amour ont mûri en chemin.
 Dès l’instant ou vous commencez à chercher l’Amour, 
vous commencez à changer intérieurement et extérieurement.

13 – Il y a plus de faux gourous et de faux maîtres
dans ce monde que d’étoiles dans l’univers. 
Ne confonds pas les gens animés par un désir de pouvoir
et égocentriste avec les vrais mentors. 
Un maitre spirituel authentique n’attirera pas l’attention sur lui ou sur elle,
 et n’attendra de toi ni obéissance absolue ni admiration inconditionnelle, 
mais t’aidera à apprécier et à admirer ton moi intérieur. 
Les vrais mentors sont aussi transparents que le verre. 
Ils laissent la Lumière de Dieu les traverser.

14 – Ne tente pas de résister aux changements qui s’imposent à toi. 
Au contraire, laisse la vie continuer en toi. 
Et ne t’inquiète pas que ta vie soit sens dessus dessous. 
Comment sais –tu que le sens auquel tu es habitué est meilleur que celui à venir ?

15 – Dieu s’occupe d’achever ton travail, intérieurement et extérieurement. 
Il est entièrement absorbé par toi.
 Chaque être humain est une œuvre en devenir qui, 
lentement mais inexorablement, 
progresse vers la perfection. 
Chacun de nous est une œuvre d’art incomplète 
qui s’efforce de s’achever.
.
Elif Shafak
.

mardi 8 juillet 2014

44. SAINT-EXUPERY : Citadelle


Citadelle
n’est pas une œuvre achevée.

 Dans la pensée de l’auteur,
 elle devait être élaguée et remaniée
 selon un plan rigoureux qui, dans l’état actuel, 
se reconstitue difficilement.

L’auteur a souvent repris les mêmes thèmes,
 soit pour les exprimer avec plus de précision, 
soit pour les éclairer d’une de ses images
 dont il a le secret.”,
 nous dit 
Simone de Saint Exupéry
.
Ce "remaniement" n'a pu se faire...
puisque Saint-Exupéry est mort prématurément,
et que l'oeuvre fut publiée à titre posthume...en 1948.

Alors oui, disons-le, 
le livre est long, dense et un peu indigeste...
par son côté répétitif et son style moralisateur,
 presque "biblique", bien éloigné
de la "légéreté enfantine" du Petit Prince.

Néanmoins et malgré tout cela,
c'est un livre qui m'a marquée...durablement
car on y trouve des pensées extrêmement profondes,
 et des "perles" de toute beauté...
qui récompensent largement 
le lecteur "courageux"...
qui ne se sera pas arrêté au premier chapitre !
Le livre est aride...
mais c'est un chef d'oeuvre...
.
Je vous conseille de le déguster
"à petites gorgées"... :-)
.


lundi 7 juillet 2014

44. CITATIONS CHOISIES


Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m’enrichis.
.
L’ordre pour l’ordre est la caricature de la vie.
.
Pour créer l'ordre, je crée un visage à aimer.
.
La vertu, c’est la perfection dans l’état d’homme
et non l’absence de défauts.
.
Une civilisation repose sur ce qui est exigé des hommes,
 non sur ce qui leur est fourni.
.
Si tu veux qu'ils soient  frères, oblige-les de bâtir une tour.
Mais si tu veux qu'ils se haïssent, jette-leur du grain.
.
De l'homme, je ne demande pas quelle est la valeur de ses lois,
mais bien quel est son pouvoir créateur.
.
Si tu veux construire un bateau,
 ne rassemble pas tes hommes et femmes
pour leur donner des ordres,
pour expliquer chaque détail,
 pour leur dire où trouver chaque chose...
Si tu veux construire un bateau,
 fais naître dans le cœur de tes hommes et femmes
 le désir de la mer.
.
Appelles-tu liberté le droit d’errer dans le vide ?
 C’est plutôt un renoncement à notre vocation d’homme.

Seule la direction a un sens.
 Ce qui importe c’est d’aller vers et non d’être arrivé
 car jamais l’on n’arrive nulle part sauf dans la mort.
.
- Cependant, lui dit l'autre, si toi, chef d'un empire,
tu ne te préoccupes point en premier du bonheur des hommes...
- Je ne me préoccupe point, répondit mon père,
de courir après le vent pour en faire des provisions,
car, si je le tiens immobile, le vent n'est plus...
.
Ainsi n'écoute jamais ceux qui te veulent servir
 en te conseillant de renoncer à l'une de tes aspirations.
Tu la connais, ta vocation, à ce qu'elle pèse en toi.
Et si tu la trahis, c'est toi que tu défigures,
 mais sache que ta vérité  se fera lentement
car elle est naissance d'arbre
et non trouvaille d'une formule,
car c'est le temps d'abord qui joue un rôle,
car il s'agit pour toi de devenir autre
et de gravir une montagne difficile.
.
Si quelque chose s'oppose à toi et te déchire, laisse croître,
c'est que tu prends racine et que tu mues.
.
C'est pourquoi je dis qu'importe d'abord,
dans la construction de l'homme,
non de l'instruire,
ce qui est vain s'il n'est plus qu'un livre qui marche,
mais de l'élever et de le conduire aux étages
où ne sont plus les choses mais les visages
nés du "noeud divin" qui noue les choses.
Car il n'est rien à espérer des choses
si elles ne retentissent les unes sur les autres,
ce qui est seule musique pour le coeur.
.
Celui-là qui lit une lettre d'amour s'estime comblé
quels que soient l'encre et le papier.
Il ne cherchait l'amour
ni dans le papier ni dans l'encre.
.
Si tu veux comprendre le mot  bonheur,
 il faut l’entendre comme récompense
 et non comme but.
.
. ...vous êtes un "noeud de relations" et rien d'autre
et s'il n'est point de relation,
 vous ne trouverez en vous-même qu'un carrefour mort.
.
Rien n'a de sens si je n'y ai mêlé mon corps et mon esprit,
il n'est point d'aventure si je ne m'y engage.
.
Telle fleur est d’abord un refus de toutes les autres fleurs.
 Et cependant, à cette condition seulement elle est belle.
.
Je ne te dirai point les raisons que tu as de m’aimer. 
Car tu n’en as point. La raison d’aimer, c’est l’amour. 
.
La vie n’est ni simple, ni complexe, ni claire ni obscure,
ni contradictoire, ni cohérente, elle est.
.
Saint-Exupéry
.

 

mercredi 2 juillet 2014

43. BERTRAND VERGELY : Retour à l'émerveillement



"Notre devoir le plus impérieux est peut-être
 de ne jamais lâcher le fil de la Merveille.
 Grâce à lui je sortirai du plus sombre des labyrinthes".

Partant de cette magnifique formule de Christiane Singer,
qui fut son amie, 
Bertrand Vergely s'attaque à un sujet non seulement essentiel
 mais indispensable à l'équilibre de chaque être humain : 
l'acte de savoir s'émerveiller,
envers et contre tout.

Cet essai écrit d'une plume vive est un vibrant plaidoyer
 pour retrouver l'amour de la vie et la noblesse de l'âme. 
Qui s'émerveille n'est pas indifférent 
mais est ouvert au monde, à l'humanité, à l'existence. 
Il rend possible un lien à ceux-ci. 
On comprend donc que la faculté de s'émerveiller
 soit jugée comme la chose la plus précieuse qui soit. 
On peut être pauvre mais si l'on sait s'émerveiller, on est riche.

Bertrand Vergely enracine sa grande culture et son propos 
dans une véritable philosophie du vécu, 
et montre comment il est possible de renouveler sans cesse
 ses capacités d’émerveillement devant l'existence.
.
Texte trouvé ici
.


43. CITATIONS CHOISIES

On s’imagine Dieu comme un vieillard omnipotent
et quelque peu autoritaire trônant dans le Ciel. 
C’est l’inverse qui est vrai, 
comme le rappellent les Pères grecs. 
Dieu est celui qui se retire, léger comme la brise 
qui manifeste à Elie ce qu’est Dieu.

 Il n’est pas celui qui 
écrase tout de sa puissance. 
Au contraire, il veut la liberté de ce qui est. 
Cette liberté s’accomplit dans le lien 
unissant transcendance et incarnation.
 Notre expérience, en l’occurrence. 

Entreprenons de vivre
ce que nous sommes intimement,
efforçons-nous de vivre et de sentir 
le simple fait de vivre.
En rentrant dans nos sensations d’exister, 
nous allons rentrer dans notre chair. 
En rentrant dans notre chair, 
nous allons sentir résonner l’ailleurs. 
Nous allons découvrir combien la vie va loin. 
Tout va se mettre à résonner.

Notre incarnation va dévoiler la transcendance. 
Faisons l’expérience de vivre cette transcendance, 
pensons à cet ailleurs, vivons-le,
 nous allons sentir combien notre chair est vivante. 
Si la chair fait vibrer la transcendance, 
la transcendance fait vibrer la chair.

Expérience importante, parce que révélatrice. 
Dieu n’est pas plus haut que nous mais plus bas que nous,
 il n’est pas au-dessus mais au-dessous, 
il n’est pas à l’extérieur de l’Homme
mais au milieu de lui,  en son cœur.

 Cela éclaire bien des choses, 
la notion de cœur, notamment. 
Notion mal comprise parce que souvent 
confondue avec l’émotion, la sensibilité, l’affectivité, 
l’humanité, alors qu’elle va plus loin.

On est dans le cœur non pas quand on se laisse 
émouvoir par l’extérieur, 
mais quand on se laisse habiter 
par le plus profond de nous-mêmes. 
Il y a en nous un plus profond que nous-mêmes
qui est nous-mêmes.
 Ce plus profond s’exprime 
quand on passe d’une pensée à de la pensée. 
Alors l’esprit s’exprime.

C’est ce que toute création, toute inspiration
font vivre : 
Mozart est la musique et non de la musique ; 
Baudelaire est la poésie et non de la poésie ; 
Vermeer est la peinture et non de la peinture ; 
le Christ est la Parole et non une parole.

Toute pensée qui fait vivre parle du cœur. 
Toute réalité qui fait penser aussi. 
Tout ce qui unit pensée et réalité, Ciel et Terre,
 vient du cœur.

D’où l’originalité du christianisme. 
Quand Dieu se retire, quand il se fait kénose, 
c’est pour que le cœur vive. 
Il se met au-dessous et non au-dessus 
afin que le monde et l’Homme soient habités. 

« On connaît Dieu de ne pas le connaître »,
 écrit Denys l’Aréopagite dans sa Théologie négative. 
Propos désespérant en apparence, 
profondément vivant en réalité. 
Dieu est tellement vivant qu’on n’en finit pas de le connaître. 
Mieux encore, on ne connaît pas Dieu. 
En revanche, on est connu par lui. 
Une vie parle en nous. 
Laissons-la parler, nous devenons parlants. 
Tout devient parlant.

Nous savons alors qui nous sommes.
Nous nous connaissons parce que nous avons libéré en nous
 le principe qui nous connaît. 
C’est ce que veut dire Denys l’Aréopagite. 
On connait Dieu quand on est habité par lui. 
On est habité par lui quand tout devient parlant.
On se rend compte alors 
que l’on est centre et circonférence à la fois. 
Le parlant qui se trouve en nous enveloppe tout.
.
Bertrand Vergely
.

jeudi 8 mai 2014

42. CHRISTIANE SINGER : Du bon usage des crises


"L'insignifiance et la futilité qui règnent en maîtres
barrent l'accès au réel et à la profondeur : 
Aussi ai-je gagné la certitude que les catastrophes ne sont là
que pour nous éviter le pire.
Et y a-t-il pire que d'avoir traversé la vie
sans houle et sans naufrage,
d'être resté à la surface des choses,
d'avoir dansé toute une vie au bal des ombres ?"
.
Christiane Singer
.

Cet ouvrage regroupe six conférences
 dont les thèmes sont :

- Le futur de l'homme,
un nouvel humanisme ?
- Du bon usage des crises
- Entrer dans la ferveur
- Le sacré dans l'amour
- A la source de la parole
- Le silence de lumière.

Pour Christiane Singer, le grand défi d'aujourd'hui
 n'est ni économique ni politique, encore moins scientifique :
c'est un défi d'ordre psychique et mystique.

Les crises, personnelles ou collectives,
ne sont pas purement "négatives" :
elles sont des révélateurs qui nous montrent
les changements à effectuer,
et sans doute des "passages obligés"
pour aller vers le meilleur.
A nous de trouver comment en faire "bon usage" !
.




42. CITATIONS CHOISIES


 
Nous connaissons dans notre occident deux voies
quand nous sommes dans un état 
d'étouffement, d'étranglement :

l'une, c'est le défoulement, c'est crier,
 c'est exprimer ce qui était alors rentré.
 Il y a de nombreuses thérapies sur ce modèle
 et c'est probablement quelque chose de très précieux
 pour faire déborder le trop-plein.
Mais, au fond, toute l'industrie cinématographique
 est fondée sur ce défoulement, cette espèce d'éclatement
 de toute l'horreur, de tout le désespoir rentré,
 qui, en fait, le prolonge et le multiplie à l'infini.

 L'autre réponse , c'est le refoulement :
avaler des couleuvres, et devenir lentement ce nid de serpents
 que nous sommes si souvent, ces nids de serpents sur deux pattes.

Et le troisième modèle qui nous vient de l'Orient et qu'incarnait Dürckheim :
s'asseoir au milieu du désastre, et devenir témoin,
 réveiller en soi cet allié qui n'est autre
que le noyau divin en nous.

J'ai rencontré, voilà quatre jours,
 en faisant une conférence à Vienne, une femme ;
 et c'est une belle histoire qu'elle m'a racontée
 qui exprime cela à la perfection.
Elle me disait, à la perte de son unique enfant, 
avoir été pendant des mois et des mois ravagée de larmes et de désespoir...

Et un jour, devant un miroir elle a regardé ce visage brûlé de larmes
 et elle a dit :
 "Voilà le visage ravagé d'une femme qui a perdu son enfant unique.", 
et à cet instant, dans cette fissure,
cette seconde de non-identification, 
où un être sort d'un millimètre de son désastre et le regarde,
 s'est engouffrée la grâce.
En un instant, dans une joie indescriptible, 
elle a su : "Mais nous ne sommes pas séparés."

Et avec cette certitude, le déferlement d'une joie indescriptible
 qu'exprimait encore son visage.
 C'était une femme rayonnante  de cette plénitude et de cette présence
 qu'engendre la traversée du désastre.
 Il existe paraît-il, dans un maëlstrom,
un point où rien ne bouge. 
Se tenir là !

Ou encore, pour prendre une autre image : 
dans la roue d'un chariot emballé,
il y a un point du moyeu qui ne bouge pas. 
Ce point, trouver ce point.

Et si, un seul instant, j'ai trouvé ce point, ma vie bascule
 parce que la perspective est subitement celle de Job,
 cette perspective agrandie de la grande vie derrière la petite vie,
 l'écroulement des paravents, l'écroulement des représentations,
un instant, voir cette perspective agrandie.
.
Christiane Singer
.
 
 
 

mardi 29 avril 2014

41. LUC BIGE : L'homme réunifié

.

Voici un livre assez peu connu
et pourtant essentiel,
du moins à mes yeux...
.
Résumé :

"Science et société sont-elles victimes du « cerveau gauche » ?
 C’est à dire d’une pensée unique qui analyse, quantifie et, finalement,
 dépouille le réel de sa dimension poétique ?

La méthode scientifique a donné ses lettres de noblesse
 à une compréhension du monde par l’objet, la mesure et la quantité.
 Cette pensée unique, en privilégiant l’espace et  les particules,
 tend à atomiser notre lecture du monde.

 Le temps et le sens, qui dépendent
des perceptions de l’hémisphère droit,
 sont négligés.
Mais classer -cette vieille habitude occidentale-
 n'est pas comprendre.

En partant de l'analyse de cette situation,
l'auteur propose une méthode pour revaloriser
le rôle du cortical droit.

Celui-ci, en générant une pensée synthétique et signifiante,
peut en effet apporter à notre conception de la science
comme à notre appréhension de la société,
 l'harmonie qui leur manque."
.
Emission radio avec Luc Bigé :


L'émission est longue...
Si vous n'avez que peu de temps,
je vous conseille le passage
qui va de la 38ème minute (environ)
à la 42ème...il est particulièrement intéressant...
.

41. CITATIONS CHOISIES


Par une curieuse ironie de l'histoire des sciences,
la modernité se réfère volontiers à Descartes
comme modèle de rigueur méthodologique.
Or, ce dernier qualifiait lui-même son oeuvre de "fable"
 et semblait surtout préoccupé à développer le pouvoir
de l'intuition  et des idées claires.

C'est à Roger bacon, entre autres, que revient le mérite
d'avoir insisté sur la nécessité de l'expérience.
(...)
L'expérience "éprouve" le vrai, affirmait Bacon,
donc elle le prouve. Elle est certificatrice.
Selon l'optique baconienne,
la science actuelle ne serait qu'une "demi-science"
car elle méconnaît la face intérieure de l'expérience.

L'âme du monde fut expurgée du rationnel scientifique
et par là-même de toute possibilité de connaissance;
N'est-il pas temps de réaliser une nouvelle alliance avec le réel ?
Un réel conçu dans sa totalité,
car l'homme observe le monde tout autant qu'il en est le fruit.

En dernière analyse, ses représentations scientifiques, culturelles, sociales,
ne sont pas "ses" constructions, mais celles de la nature tout entière.
Or, si l'organisme humain est pourvu
de deux hémisphères cérébraux symétriques du point de vue organique,
mais non du point de vue fonctionnel,
est-il absurde de supposer que le réel possède bien deux faces
ou, plus exactement, une seule face à lire
selon deux modes distincts et complémentaires ?
(...)
N'est-il pas temps de développer une autre "méthode"
 pour clarifier nos idées face à l'expérience intérieure,
de développer des critères de connaissance compatibles
avec le fonctionnement naturel du cerveau droit ?
.
Luc Bigé
"L'homme réunifié"
.


mercredi 5 mars 2014

40. T.C. Mc LUHAN Pieds nus sur la terre sacrée


Cet ouvrage n'est pas un livre de plus
sur les Indiens d'Amérique du Nord
 mais le judicieux rassemblement
 par Teresa Carolyn McLuhan
de nombreux textes de leur patrimoine oral et écrit.

Une centaine de textes authentiques et de témoignages
qui nous font enfin entendre directement
leur voix et leur vision des choses.

Dans ces écrits, classés par ordre chronologique,
 le ton est tour à tour celui de la sagesse, du lyrisme,
de l'éloquence ou de l'émotion profonde.

Au final, l'ensemble dresse un magnifique portrait
de la nature, de la destinée indienne...
et surtout le portrait d'une civilisation
d'une grande richesse et d'une grande profondeur
 reposant sur l'harmonie entre l'homme et la "Terre sacrée".

  Les textes sont accompagnés de superbes photographies
 en noir et blanc d'Edward S.Curtis (1868 - 1952)
 qui visita pendant trente ans
 plus de quatre-vingt tribus dans tous les Etats-Unis.
.
Pour moi, sans nul doute,
un des meilleurs livres sur le sujet...
(Rappel : j'aime beaucoup aussi
celui de Jean-Paul Bourre)
.

La Licorne


40. CITATIONS CHOISIES



Qu’est-ce que la vie ?
C’est l’éclat d’une luciole dans la nuit,
 c’est le souffle du bison en hiver.
 C’est la petite ombre qui court dans l’herbe
 et se perd au couchant. 
.
Crowfoot
.

Le Lakota était empli de compassion et d’amour pour la nature.
 Il aimait la terre et toutes les choses de la terre,
 et son attachement grandissait avec l’âge.
Les vieillards étaient -littéralement- épris du sol
 et ne s ‘asseyaient ni ne se reposaient à même la terre
 sans le sentiment de s’approcher des forces maternelles.
La terre était douce sous la peau
 et ils aimaient à ôter leurs mocassins
 et à marcher pieds nus sur la terre sacrée. 
.
Luther Standing Bear
.

Regardez mes frères, le printemps est venu,
 la terre a reçu les baisers du soleil
 et nous verrons bientôt les fruits de cet amour.
Chaque graine est éveillée, et de même, tout animal est en vie.
C'est à ce pouvoir mystérieux
que nous devons nous aussi notre existence.
C'est pourquoi nous concédons à nos voisins,
même nos voisins animaux,
autant de droit qu'à nous d'habiter cette terre.
Cependant écoutez-moi mes frères,
nous devons maintenant compter avec une autre race,
petite et faible quand nos pères l'ont rencontrée pour la première fois,
mais aujourd'hui, elle est devenue tyrannique.


Fort étrangement, ils ont dans l'esprit la volonté de cultiver le sol,
et l'amour de posséder est chez eux une maladie.
Ce peuple a fait des lois que les riches peuvent briser mais non les pauvres
 Ils prélèvent des taxes sur les pauvres et les faibles
pour entretenir les riches qui gouvernent.
Ils revendiquent notre mère à tous, la terre, pour eux seuls
et ils se barricadent contre leurs voisins.
Ils défigurent la terre avec leurs constructions et leurs rebuts.
Cette nation est comme le torrent de neige fondue qui sort de son lit
et détruit tout sur son passage.
.
Sitting Bull
.

.
 
 

vendredi 28 février 2014

39. FRITJOF CAPRA : Le Tao de la physique



Dans ce livre, Fritjof  Capra nous montre
 que les lois de la physique moderne
confirment les concepts
qui régissent les mystiques de l'Asie :
Hindouisme, Bouddhisme, Taoisme.

Il met à notre portée le langage de la physique
 et nous entraîne dans un fabuleux voyage
à travers l'univers des atomes
et le monde de la sagesse orientale.

Faisant table rase de notre représentation
fragmentaire et mécaniste du monde,
 il nous amène à un changement de regard radical sur la réalité...
L'univers devient alors un Tout cohérent et harmonieux,
dans lequel notre être peut prendre toute sa dimension.
.
Quelques extraits du livre
.
"La théorie quantique révèle  l'unicité de l'univers.
Elle montre que nous ne pouvons décomposer le monde
en ses plus petites unités existantes.
En physique atomique, nous ne pouvons jamais parler de la nature
sans, simultanément, parler de nous-mêmes."
.
.
 Page 141 :

"L'objet matériel devient [...] différent de ce que nous voyons actuellement,
 non un objet séparé de l'arrière-plan et de l'environnement,
mais une partie indivisible -et même d'une façon subtile,
une expression de l'unité -de tout ce que nous voyons."
.
"Les choses tirent leur existence et leur nature d'une mutuelle dépendance
 et ne sont rien en elles-mêmes."
.

39. CITATIONS CHOISIES


J'étais assis un soir au bord de l'océan un soir d'été,
 regardant déferler les vagues et sentant le rythme de ma respiration,
 lorsque je pris soudain conscience de tout mon environnement
 comme étant engagé dans une gigantesque danse cosmique.

Etant physicien, je savais que le sable, les roches,
 l'eau et l'air autour de moi était composés de molécules vibrantes et d'atomes,
 consistant en particules qui en créent et en détruisent d'autres par interactions.
Je savais aussi que l'atmosphère de la Terre
 était continuellement bombardée par des pluies de rayons cosmiques,
particules de haute énergie subissant de multiples collisions
lorsqu'elles pénètrent dans l'air.

Tout cela m'était familier
de par ma recherche en physique des hautes énergies,
mais jusque là, je l'avais seulement expérimenté
à travers des graphes,des diagrammes, et des théories mathématiques.
Tandis que je me tenais sur la plage,
mes expériences théoriques passées devinrent vivantes.

Je vis des cascades d'énergie descendre de l'espace
au sein desquelles les particules étaient créées et détruites
selon des pulsations rythmiques.
Je vis les atomes des éléments et ceux de mon corps
participer à cette danse cosmique de l'énergie.

J'en sentais les rythmes et j'en entendais les sons,
et à ce moment précis, je sus que c'était la danse de Shiva,
le seigneur de la danse adoré par les hindous.
.
Fritjof Capra
.

dimanche 23 février 2014

38. DENIS MARQUET : Colère


La Terre.
Exploitée, martyrisée défigurée, la terre se révolte.
 Séismes, raz-de-marée, ouragans,
 éruptions volcaniques, virus foudroyants…
face à une série de cataclysmes sans précédent,
les scientifiques du monde entier sont sans réponse.
Une femme, elle, a compris. Parce qu’elle a su payer le prix.
Mais le monde est-il prêt à écouter une femme ?

"COLERE" :
Un thriller à la puissance 10.
Un roman initiatique et écologique
qui résonne comme un dernier avertissement :
et si le compte à rebours avait déjà commencé ?
.
Sur un sujet plus que jamais d'actualité,
le premier roman de Denis Marquet
n'a pas pris une ride...

A lire...d'urgence !
(si ce n'est pas encore fait)
.

Interview de l'auteur
(sur un autre sujet)
.

38. CITATIONS CHOISIES

"Hopi", ce mot signifie "Paix".
Le Dieu de mon père n'était que la projection
de sa colère contre la vie.
 J'ai rejeté ce dieu. Le peuple de ma mère a un autre Dieu,
 que j'aimerais bien savoir prier.
Ils le nomment Taiowa, l'Esprit infini.
Et ils le prient, depuis plus d'un mois, jour et nuit.
 Dans lez kivas, hommes et femmes se relaient
 pour assurer une présence continue.

Prier, méditer. Célébrer la vie.
 Telle est, m'a dit Lololma, la tâche du peuple hopi.
 Toutes nos lois  ne servent qu'à ça.
 Elles ne sont pas comme les lois des Blancs,
qui ne dépendent que de leur bon vouloir
et qu'ils modifient quand elles ne leur plaisent plus.
Nos lois sont des règles de vie.
Elles reflètent l'ordre du Tout,
et nous maintiennent en harmonie avec le Tout.

La paix, m'a dit mon grand-père,
c'est l'âme humaine en harmonie avec le Tout.
S'il n'y avait plus aucun homme dans cette conscience,
sais-tu ce qu'il adviendrait ?
J'ai répondu non je ne sais pas.
Il a ri.
Mais le monde disparaîtrait !

C'est pour ça qu'à présent, a-t-il ajouté,
nous prions et méditons sans cesse.
Ce sont les jours de Purification.
Ce monde meurt car il est sorti de l'équilibre.
Un autre peut naître.
Mais pour cela, il faut des Veilleurs.
C'est à cela que le peuple hopi est destiné : veiller.

Sans doute y a-t-il d'autres hommes de par le monde,
d'autres hommes qui veillent
Ils sont proches du Grand Mystère
Ils sont les sentinelles.
Comme nous, avec nous, ils préparent le Grand passage.
L'entrée dans le Cinquième Monde.
.
Denis Marquet
.

vendredi 14 février 2014

37. SYLVAIN TESSON : Aphorismes sous la lune et autres pensées sauvages



Bon, allez, accordons-nous,
une fois n'est pas coutume,
un moment de détente.
 Voici un petit livre léger, léger…
comme un papillon rare.

Voyageur infatigable,
Sylvain Tesson parcourt le monde,
observe la nature
 et piège sa pensée de façon succincte
avant de l’épingler dans son carnet.

Il décrit ainsi la cascade,
les fleurs d’un alpage, l’odeur de l’aube…
en jouant de façon subtile avec les mots
et les expressions.

Cela donne, au final,
une belle collection d’aphorismes
à la fois inattendus et…délicats !
J’espère que vous les apprécierez
autant que moi.
.
Et si vous connaissez le livre,
n'hésitez pas, à votre tour,
à partager vos aphorismes préférés
ci-dessous !
.


Dans cette vidéo, Sylvain Tesson parle
d'un autre de ses livres :
"Dans les forêts de Sibérie"
.

37. CITATIONS CHOISIES


La mer
un coeur qui bat entre deux côtes.
.
Falaise
la mer au pied du mur.
.
Dune
montagne endormie par le marchand de sable.
.
Le brouillard
haleine de l'aube après une mauvaise nuit.
.
Neige
la poudre aux yeux de l'hiver.
.
Sous-bois d'automne : 
symphonie pour bois et cuivres.
.
Pour un trèfle à quatre feuilles
la chance, c'est quand personne ne le trouve.
.
La nuit étoilée n'est peut-être 
que le plafond mité d'une toile de tente.
.
Un poisson au bout du fil 
manque de conversation.
.
Se couler dans le lit d'une rivière gironde 
et suivre ses courbes.
.
Rhabillez-vous ! 
ordonne le printemps aux arbres.
.
A quoi rêve l'eau dormante ?
.
J'aimais flâner avec elle. 
Sans "L", je fane.
.

samedi 8 février 2014

APPEL A CITATIONS



Voilà : la citation que j'ai choisie
pour le livre d'Aldous Huxley est, paraît-il, usurpée...
(même si elle résume assez bien le livre,
elle ne serait pas de lui...)
C'est embêtant !
.
Aussi, je vous propose,
si vous le voulez bien, 
de me donner, pour cet ouvrage
votre citation "à vous"...

En feuilletant le livre 
(chez vous ou sur internet),
choisissez une phrase, un passage,
qui vous plaît
ou qui vous choque,
ou qui vous paraît "juste"
et partagez-les nous !
.

J'attends vos propositions avec impatience !
(je les ajouterai ci-dessous)
.
La Licorne
...
.

Citation 1 :

L'orgue à parfums jouait un Capriccio des Herbes délicieusement frais,
des arpèges cascadants de thym et de lavande,
de romarin, de basilic, de myrte, d'estragon;
une série de modulations audacieuses passant par tous les tons des épices,
jusque dans l'ambre gris; et une lente marche inverse,
par le bois de santal, le camphre, le cèdre
et le foin frais fauché avec des touches subtiles ...
.
Francine
.

Citation 2 :

Grâce au contrôle des pensées,
à la terreur constamment martelée
pour maintenir l’individu dans un état de soumission voulu,
nous sommes aujourd’hui entrés dans la plus parfaite des dictatures,
une dictature qui aurait les apparences de la démocratie,
une prison sans murs dont les prisonniers ne songeraient pas à s’évader,
dont ils ne songeraient même pas à renverser les tyrans.

Système d’esclavage où,
grâce à la consommation et au divertissement,
les esclaves auraient l’amour de leur servitude.
.
Florinette
.
Citation 3 :

-Je n'en veux pas, du confort !
Je veux Dieu , je veux de la poésie,
 je veux du danger véritable,
je veux de la liberté, je veux de la bonté.
Je veux du péché.
[...]
 Je réclame le droit d'être malheureux.
.
 Pascale