Par une curieuse ironie de l'histoire des sciences,
la modernité se réfère volontiers à Descartes
comme modèle de rigueur méthodologique.
Or, ce dernier qualifiait lui-même son oeuvre de "fable"
et semblait surtout préoccupé à développer le pouvoir
de l'intuition et des idées claires.
C'est à Roger bacon, entre autres, que revient le mérite
d'avoir insisté sur la nécessité de l'expérience.
(...)
L'expérience "éprouve" le vrai, affirmait Bacon,
donc elle le prouve. Elle est certificatrice.
Selon l'optique baconienne,
la science actuelle ne serait qu'une "demi-science"
car elle méconnaît la face intérieure de l'expérience.
L'âme du monde fut expurgée du rationnel scientifique
et par là-même de toute possibilité de connaissance;
N'est-il pas temps de réaliser une nouvelle alliance avec le réel ?
Un réel conçu dans sa totalité,
car l'homme observe le monde tout autant qu'il en est le fruit.
En dernière analyse, ses représentations scientifiques, culturelles, sociales,
ne sont pas "ses" constructions, mais celles de la nature tout entière.
Or, si l'organisme humain est pourvu
de deux hémisphères cérébraux symétriques du point de vue organique,
mais non du point de vue fonctionnel,
est-il absurde de supposer que le réel possède bien deux faces
ou, plus exactement, une seule face à lire
selon deux modes distincts et complémentaires ?
(...)
N'est-il pas temps de développer une autre "méthode"
pour clarifier nos idées face à l'expérience intérieure,
de développer des critères de connaissance compatibles
avec le fonctionnement naturel du cerveau droit ?
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Luc Bigé
"L'homme réunifié"
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