En intégrant dans ma pratique avec des malades
certains des outils conceptuels de Boszormenyi-Nagy,
je me suis rendu compte que le potentiel de changement
inhérent aux relations intrafamiliales est plus déterminant
que le potentiel de guérison individuel ;
il est beaucoup plus déterminant encore
que tout ce qui pourrait se passer en relation dyadique,
en psychothérapie individuelle -une relation médecin-malade,
psychiatre-malade, psychanalyste-client.
Pour obtenir un changement dans le comportement
ou l'état de santé d'un malade, il faudrait déterminer ses croyances
et viser à mobiliser le levier inhérent
au réseau relationnel familial tout entier (leurs croyances)
si on veut enclencher un processus de changement de la famille.
François Tosquelles, psychiatre français d'origine espagnole,
qui dirigeait autrefois l'hôpital psychiatrique de saint-Alban en Lozère
et un institut médico-pédagogique, avait découvert
que lorsqu'il soignait et guérissait un enfant psychotique,
qu'il le rendait à sa famille, l'année suivante ou dans les six mois,
la famille lui donnait à traiter un autre enfant devenu malade.
Si on guérit un individu sans toucher à l'ensemble de la famille,
si on n'a pas compris les répétitions transgénérationnelles,
on n'a pas fait grand-chose en thérapie.
Cela n'est souvent qu'un mieux provisoire.
Cette façon de voir remet en question
toutes les psychothérapies existantes,
toutes les psychothérapies existantes,
classiques et nouvelles, y compris les plus célèbres,
les plus sérieuses, les plus respectées,
y compris la psychanalyse individuelle si vous voulez.
On s'aperçoit que pour que les gens changent vraiment et de façon durable,
il faut que le système familial, social et professionnel les laissent changer,
que les croyances changent.
.
Anne Ancelin-Schützenberger
.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire