Dieu.
Cette vieillerie de Dieu, cette vieille bougie de Dieu
brûlant au noir des siècles, ce feu follet rouge sang,
cette misère d'une chandelle mouchée par tous les vents,
nous, gens du vingtième siècle, nous ne savons qu'en faire.
Nous sommes des gens de raison.
Nous sommes des adultes.
Nous ne nous éclairons plus à la bougie.
Nous avons un temps espéré
que les Eglises délivreraient de Dieu.
Elles étaient faites pour ça.
Les religions ne nous dérangeaient pas.
Les religions sont pesantes
et la pesanteur nous rassurerait plutôt.
C'est la légèreté qui nous fait horreur,
cette légèreté de Dieu en Dieu,
de l'esprit dans l'esprit.
Et puis nous sommes sortis des Eglises.
Nous avons fait un grand chemin.
De l'enfance à l'âge adulte, de l'erreur à la vérité.
Nous savons à présent où est la vérité.
Elle est dans le sexe, dans l'économie et dans la culture.
Et nous savons bien où est la vérité de cette vérité.
Elle est dans la mort.
Nous croyons au sexe, à l'économie, à la culture et à la mort.
Nous croyons que le fin mot de tout revient à la mort,
qu'il grince entre ses dents serrées sur leur proie,
et nous regardons les siècles passés du haut de cette croyance,
avec indulgence et mépris,
comme tout ce qu'on regarde de haut.
Nous ne pouvons leur en vouloir de leurs erreurs.
Elles étaient sans doute nécessaires.
Maintenant, nous avons grandi.
Maintenant, nous ne croyons
qu'à ce qui est puissant, raisonnable, adulte
et rien n'est plus puéril
que la lumière d'une bougie tremblant dans le noir.
.
Christian Bobin
"Le Très-Bas"
.
Cette vieillerie de Dieu, cette vieille bougie de Dieu
brûlant au noir des siècles, ce feu follet rouge sang,
cette misère d'une chandelle mouchée par tous les vents,
nous, gens du vingtième siècle, nous ne savons qu'en faire.
Nous sommes des gens de raison.
Nous sommes des adultes.
Nous ne nous éclairons plus à la bougie.
Nous avons un temps espéré
que les Eglises délivreraient de Dieu.
Elles étaient faites pour ça.
Les religions ne nous dérangeaient pas.
Les religions sont pesantes
et la pesanteur nous rassurerait plutôt.
C'est la légèreté qui nous fait horreur,
cette légèreté de Dieu en Dieu,
de l'esprit dans l'esprit.
Et puis nous sommes sortis des Eglises.
Nous avons fait un grand chemin.
De l'enfance à l'âge adulte, de l'erreur à la vérité.
Nous savons à présent où est la vérité.
Elle est dans le sexe, dans l'économie et dans la culture.
Et nous savons bien où est la vérité de cette vérité.
Elle est dans la mort.
Nous croyons au sexe, à l'économie, à la culture et à la mort.
Nous croyons que le fin mot de tout revient à la mort,
qu'il grince entre ses dents serrées sur leur proie,
et nous regardons les siècles passés du haut de cette croyance,
avec indulgence et mépris,
comme tout ce qu'on regarde de haut.
Nous ne pouvons leur en vouloir de leurs erreurs.
Elles étaient sans doute nécessaires.
Maintenant, nous avons grandi.
Maintenant, nous ne croyons
qu'à ce qui est puissant, raisonnable, adulte
et rien n'est plus puéril
que la lumière d'une bougie tremblant dans le noir.
.
Christian Bobin
"Le Très-Bas"
.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire