Qui sommes-nous ?
Cette question, cette quête, ce mystère est celui de notre humanité.
Pour vivre en société,
nous avons dû apporter à cette interrogation des réponses,
dont la synthèse constitue notre moi.
Mais cette identité, nous l'avons intériorisée
à partir du regard des autres sur nous,
particulièrement le regard des parents et des figures majeures de l'enfance
et, aussi, à partir des récits que, très tôt, « on » a racontés à notre sujet.
Ce moi que nous croyons être est donc conditionné,
un personnage fictif, fabriqué en réaction
aux contraintes de nos premiers environnements.
La caractéristique principale de ce personnage,
auquel nous sommes identifiés, est d'être défini.
Nous sommes capables d'en donner une description,
car il est dans une large mesure identique à lui-même :
il y a un noyau dur en nous, qui est, croyons-nous,
véritablement nous, et qui n'est pas susceptible de changer.
C'est notre identité (du latin idem, le « même »),
qui nous permet de nous sentir en securité,
notamment parce que, étant prévisibles, nous sécurisons les autres.
Ce que nous avons été, nous le sommes et le serons.
Mais il y a des moments où nous nous surprenons nous-mêmes :
ce que nous faisons ou disons ne nous ressemble pas.
Ce peut être pour le pire.
Tel, habituellement calme et posé, est soudain emporté
dans un terrible accès de violence;
tel autre, père et mari aimant, disparaît et change de vie. . .
C'est le moi qui explose, sous la poussée de forces
longtemps refoulées hors du champ de l'identité.
Révélation subie, non préparée, douloureuse et parfois destructrice.
Mais ce peut être aussi pour le meilleur.
N'avons-nous pas tous connu ces « moments de grâce »,
où naît le geste juste, la parole authentique, l'acte fécond ?
Une rencontre amoureuse, et dans une spontanéité qui nous déconcerte,
nous laissons se dire des paroles neuves,
qui nous révèlent à nous-mêmes en même temps qu'à l'aimé...
La détresse d'un ami, et voilà les mots justes qui sortent de notre bouche,
et disent des vérités qu'il nous semble découvrir en les disant. . .
Et ces circonstances historiques exceptionnelles,
lorsqu'il faut être un héros ou un lâche et que, dans l'action,
nous découvrons en nous-mêmes des forces et des capacités
que nous ne soupçonnions pas.
Plus tard, c'est l'étonnement: « Comment ai-je été capable de cela ? »
Il est des moments où nous sommes plus que nous-mêmes.
« Je est un autre », disait Rimbaud,
décrivant là ce moment étrange où je laisse passer à travers moi
des choses qui n'appartiennent pas à la définition de moi-même,
au point que ce « Je » que je suis m'apparaît comme à la troisième personne.
Inspiration : parce que j'ai su lâcher le savoir sur moi-même,
et jusqu'à la notion de mon identité,
je laisse s'exprimer la spontanéité créatrice de mon être profond.
Alors, je me découvre autre que ce que je croyais être.
Je fais connaissance avec moi-même,
et ce moi-même plus vrai que moi est un moi-autre.
.
Denis Marquet
"Eléments de philosophie angélique"
.
Pour vivre en société,
nous avons dû apporter à cette interrogation des réponses,
dont la synthèse constitue notre moi.
Mais cette identité, nous l'avons intériorisée
à partir du regard des autres sur nous,
particulièrement le regard des parents et des figures majeures de l'enfance
et, aussi, à partir des récits que, très tôt, « on » a racontés à notre sujet.
Ce moi que nous croyons être est donc conditionné,
un personnage fictif, fabriqué en réaction
aux contraintes de nos premiers environnements.
La caractéristique principale de ce personnage,
auquel nous sommes identifiés, est d'être défini.
Nous sommes capables d'en donner une description,
car il est dans une large mesure identique à lui-même :
il y a un noyau dur en nous, qui est, croyons-nous,
véritablement nous, et qui n'est pas susceptible de changer.
C'est notre identité (du latin idem, le « même »),
qui nous permet de nous sentir en securité,
notamment parce que, étant prévisibles, nous sécurisons les autres.
Ce que nous avons été, nous le sommes et le serons.
Mais il y a des moments où nous nous surprenons nous-mêmes :
ce que nous faisons ou disons ne nous ressemble pas.
Ce peut être pour le pire.
Tel, habituellement calme et posé, est soudain emporté
dans un terrible accès de violence;
tel autre, père et mari aimant, disparaît et change de vie. . .
C'est le moi qui explose, sous la poussée de forces
longtemps refoulées hors du champ de l'identité.
Révélation subie, non préparée, douloureuse et parfois destructrice.
Mais ce peut être aussi pour le meilleur.
N'avons-nous pas tous connu ces « moments de grâce »,
où naît le geste juste, la parole authentique, l'acte fécond ?
Une rencontre amoureuse, et dans une spontanéité qui nous déconcerte,
nous laissons se dire des paroles neuves,
qui nous révèlent à nous-mêmes en même temps qu'à l'aimé...
La détresse d'un ami, et voilà les mots justes qui sortent de notre bouche,
et disent des vérités qu'il nous semble découvrir en les disant. . .
Et ces circonstances historiques exceptionnelles,
lorsqu'il faut être un héros ou un lâche et que, dans l'action,
nous découvrons en nous-mêmes des forces et des capacités
que nous ne soupçonnions pas.
Plus tard, c'est l'étonnement: « Comment ai-je été capable de cela ? »
Il est des moments où nous sommes plus que nous-mêmes.
« Je est un autre », disait Rimbaud,
décrivant là ce moment étrange où je laisse passer à travers moi
des choses qui n'appartiennent pas à la définition de moi-même,
au point que ce « Je » que je suis m'apparaît comme à la troisième personne.
Inspiration : parce que j'ai su lâcher le savoir sur moi-même,
et jusqu'à la notion de mon identité,
je laisse s'exprimer la spontanéité créatrice de mon être profond.
Alors, je me découvre autre que ce que je croyais être.
Je fais connaissance avec moi-même,
et ce moi-même plus vrai que moi est un moi-autre.
.
Denis Marquet
"Eléments de philosophie angélique"
.
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