dimanche 10 août 2025

96 - LUC BIGE - L' énigme de ma vie



 

Dans ce beau petit livre 
(moins de 100 pages),
issu d'entretiens avec Sarah Hirschmuller,
Luc Bigé nous invite à nous ouvrir
au sens du mystère d'être vivant.

Dès lors qu'on envisage en effet sincèrement
sa propre vie comme une énigme,
on se connecte à son mystère.
Si on sort de l'injonction du faire, de l'agitation,
on peut se donner une chance d'entrer dans le grand silence,
de retrouver le sens et le goût de soi comme transcendance

Composé de courts chapitres,
Luc et Sarah tissent ensemble
une véritable toile pleine de sens ;
on y traite de la fragilité, de la gratitude,
du service, de l'âme, du désir, de l'amour,
de la bonté de l'univers, de l'incertitude,
du sens du mystère et du jeu de la vie...

Par petites touches, on voit apparaitre
un véritable chemin de vie, de sagesse.
Il ne s'agit plus de se tourner vers l'ego,
mais vers ce qui le dépasse.

Comme le dit Luc Bigé :
"Vient un moment où l'on a fait le tour du mieux-être,
où l'on commence à rechercher le plus-être.
Alors le développement personnel n'est plus d'aucun secours.
C'est là qu'il faut s'ouvrir à l'inconnu,
c'est-à-dire retourner sa conscience vers le mystère,
vers l'énigme de l'existence.

"Et après s'être ouvert à la transcendance,
il s'agit aussi de trouver dans notre cœur
un espace de mariage 
entre la transcendance et l'immanence,
et d'apporter de la compassion
dans ce monde qui en manque cruellement.

Vraiment, un très beau livre.



  
 
 

96 - CITATION


La gratitude engendre la gratitude. 
La gratitude, c'est la façon dont le vivant s'exprime. 
Plus on pratique la gratitude, 
plus on est en contact avec son âme, 
son être essentiel, ou encore son amour.
Comment le dire ?
 
Regarde les arbres : tous les ans, ils donnent 
des milliers et des milliers de fleurs et de semences. 
Alors bien sûr, on peut faire de cela une lecture darwinienne
 et se dire "bon, des semences, 
un arbre doit en produire trois mille 
pour qu'il y en ait une seule qui survive"...
si on veut, oui ; mais qu'importe la manière 
dont on le comprend ? 
Les arbres ne font pas cela parce qu'ils sont darwiniens, 
n'est-ce pas ? 
Ils font cela parce c'est leur nature.
Leur nature est d'en donner plus
 qu'il n'est utile et nécessaire, 
d'être dans une générosité par rapport au monde : 
leurs fruits, les limaces en profitent, 
les écureuils en profitent, les oiseaux en profitent. 
Certains se perdent, d'autres enrichissent le sol.
 
C'est cela, la gratitude. C'est se comporter en arbre. 
C'est laisser s'amplifier sa propre nature, 
et la partager, la donner au monde, 
sans rien attendre en retour. 
 
Et c'est aussi cela, l'amour. 
C'est le don que l'univers se fait à lui-même,
 à travers...l'être, à travers l'arbre 
comme à travers toi et moi. 

.

Luc Bigé
"L'énigme de ma vie"


 

vendredi 11 juillet 2025

95 - ALEXANDRE GROTHENDIECK - La clef des songes

 

Quilombo Boutique-Librairie 

 

De son enfance et de son séjour dans un camp d’internement français 

pendant la Seconde Guerre mondiale à ses travaux pionniers 

dans le domaine des mathématiques, 

de son engagement dans les mouvements écologistes naissants, 

en particulier le groupe antinucléaire "Survivre et Vivre", 

à sa retraite à la campagne à l’aube des années 1970, 

Alexandre Grothendieck explore avec méthode, finesse et lucidité 

les événements et les relations qui ont tissé son existence.

 

Un travail rigoureux qui, selon ses propres termes, 

le conduit, à travers l’investigation des rêves, la psychanalyse, 

la création, la méditation, le silence et l’écoute, 

sur le chemin spirituel de la découverte de soi et de Dieu .

 


 

95 - CITATION

 

Je sais pourtant que l'Univers est autre chose encore

qu'une mécanique imbriquée, qui sur la Terre 

se serait malencontreusement emballée ; 

autre chose qu'un jeu de dés idiot du hasard avec la nécessité, 

autre chose même que la pulsion aveugle d'Eros en rut 

qui cherche assouvissement  

sans se soucier si elle crée ou si elle écrase ou détruit. 

Au-delà du hasard, des mécanismes, des pulsions, 

l'Univers est Esprit. 

En lui se manifeste en tous lieux et en tous temps, 

secrètement et inlassablement, une liberté créatrice et clairvoyante, 

un mystérieux propos, une discrète et patiente intention. 

Il est SENS,  - un Sens si indiciblement riche sûrement, 

si libre dans sa mouvance sans fin et si intemporel 

dans son immuable essence, si délicat et secret 

- comme une voix qui murmure dans l'ombre, 

comme un souffle imperceptible qui passe, 

comme une timide lueur qui sourd de l'épaisseur de la nuit, 

 et pourtant manifeste et fulgurant 

comme la clarté insoutenable de mille soleils...

- que nul d'entre nous ne peut le saisir dans sa plénitude, 

mais tout au plus le pressentir ou l'entrevoir, 

sous le biais et l'éclairage uniques 

que fournit à chacun sa propre existence.

.

Alexandre Grothendieck 

"La clef des songes"

 

 

samedi 8 juin 2024

94 - ARTHUR KOESTLER - Le zéro et l'infini

 

 
Écrit de 1938 à 1940, paru en France dès 1945, 
Le Zéro et l'Infini est un des grands "classiques" du XXè siècle, 
ainsi qu'un best-seller mondial. 
 
Inspiré des grands procès de Moscou, 
le roman imagine l'itinéraire d'un responsable communiste, Roubachof, 
jeté en prison et jugé après avoir été lui-même un "épurateur."
 
A travers ce thème, 
l'écrivain nous convie à un véritable procès des dictatures
 et du système totalitaire pour lesquels l'homme n'est rien, 
un zéro en regard de la collectivité, 
alors que l'humanisme voit en lui, au contraire, 
un infini.

Le Zéro et l'Infini est de ces œuvres 
dont le temps n'abolit pas la portée.

Moscou, 1937. 
Dans un régime communiste, l'individu est zéro, 
et le Parti, c'est l'infini. Roubachov le sait : 
apparatchik lui-même, il a épuré sans états d'âme. 
Le voilà happé à son tour par la machine à broyer, 
soumis à des interrogatoires 
et sommé de se prêter à la mise en scène macabre 
qui le fera avouer qu'il est un traître, 
un ennemi de la classe ouvrière…


 

 
 

94 - CITATIONS

 

Extrait :
 
Pendant quarante ans, il avait  vécu strictement 
selon les voeux de son ordre, le Parti.
Il s'en était tenu aux règles du calcul logique. 
Il avait brûlé dans sa conscience 
avec l'acide de la raison
les restes de la vieille morale illogique.
 
(...)
(Maintenant) quand il se demandait : 
"Pourquoi au juste meurs-tu ? 
il ne trouvait pas de réponse.
 
Il y avait une erreur dans le système : 
peut-être résidait-elle dans le précepte 
qu'il avait jusqu'ici tenu pour incontestable, 
au nom duquel il avait sacrifié autrui 
et se voyait lui-même sacrifié
le précepte selon lequel  
la fin justifie les moyens
 
C'était cette phrase qui avait tué
 la grande Fraternité de la Révolution 
et les avait tous jetés en pleine démence.
 
Qu'avait-il naguère écrit dans son journal ? 
"Nous avons jeté par-dessus bord toutes les conventions, 
notre seul principe directeur 
est celui de la conséquence logique; 
nous naviguons sans lest moral."
 
Peut-être le coeur du mal était-il là
Peut-être qu'il ne convenait pas à l'humanité 
de naviguer sans lest. 
Et peut-être que la raison livrée à elle-même 
était une boussole faussée, 
conduisant par de tortueux méandres, 
si bien que le but finissait par disparaître dans la brume.
.
 

Arthur Koestler
 

 

jeudi 8 juin 2023

93 - GEORGES BERNANOS - La France contre les robots

 


 Plus d'un demi-siècle après la mort de son auteur, 
ce pamphlet visionnaire reste d'une incroyable actualité. 
Cette apologie de la liberté est une émouvante préfiguration 
de la mondialisation et des incroyables dérives actuelles !
 
Un cri appelant à la construction d'une société 
où il serait enfin possible de mener une vie digne de l'être humain.



/

 
 

93 - CITATIONS CHOISIES

 

 Être informé de tout et condamné ainsi à ne rien comprendre, 
tel est le sort des imbéciles. 
 
Toute la vie d’un de ces infortunés ne suffirait pas probablement 
à lui permettre d’assimiler la moitié des notions contradictoires 
qui, pour une raison ou pour une autre, 
lui sont proposées en une semaine.
 
 Oui, je sais que je suis presque seul à dénoncer si violemment 
ce crime organisé contre l’esprit. 
 (...)

La plus redoutable des machines 
est la machine à bourrer les crânes, 
à liquéfier les cerveaux. 

 

Voilà longtemps que je le pense, 
si notre espèce finit par disparaître 
un jour de cette planète, 
grâce à l'efficacité croissante des techniques de destruction, 
ce n'est pas la cruauté qui sera responsable de notre extinction
et moins encore, bien entendu, l'indignation qu'elle inspire, 
les représailles et les vengeances qu'elle suscite ;
ni la cruauté, ni la vengeance,
mais bien plutôt la docilité, 
l'irresponsabilité de l'homme moderne,
son abjecte complaisance à toute volonté du collectif.

Les horreurs que nous venons de voir, 
et celles pires que nous verrons bientôt, 
ne sont nullement le signe que le nombre des révoltés, 
des insoumis, des indomptables, augmente dans le monde, 
mais bien plutôt que croît sans cesse, avec une rapidité stupéfiante, 
le nombre des obéissants, des dociles, 
des hommes, qui, selon l'expression fameuse 
de l'avant-dernière guerre,
"ne cherchaient pas à comprendre". 

Georges Bernanos
1944

 

 

 

lundi 27 décembre 2021

92- FREDERIC LENOIR - L' Âme du monde

 

 


 Pressentant l'imminence d'un cataclysme planétaire, 
sept sages venus des quatre coins du monde 
se réunissent à Toulanka, 
monastère perdu des montagnes tibétaines, 
pour transmettre à Tenzin et Natina, deux jeunes adolescents, 
les clés de la sagesse universelle. 
 
Au-delà des divergences culturelles et historiques 
de leurs traditions respectives, 
ils s'appuient sur leur expérience personnelle 
et se savent inspirés par ce que les philosophes de l'Antiquité 
appellent l'Âme du monde : 
la force bienveillante qui maintient l'harmonie de l'univers. 

Leur message répond aux questions essentielles : 
quel est le sens de mon existence ? 
Comment réussir ma vie et être heureux ? 
Comment harmoniser les exigences de mon corps et celles de mon esprit ? 
Comment apprendre à me connaître et à réaliser mon potentiel créatif ?
 Comment passer de la peur à l'amour 
et contribuer à la transformation du monde ?

Loin des croyances dogmatiques, 
ils ouvrent le chemin simple et concret 
d'un humanisme spirituel qui aide à vivre.

À la suite de son Petit traité de vie intérieure, 
Frédéric Lenoir transmet ses connaissances philosophiques et spirituelles 
à travers un conte initiatique lumineux 
qui touche le coeur autant que l'intelligence.
.
 
 
 
 

 

 

92- CITATIONS CHOISIES

 
Ce qui compte, ce n'est pas de gravir cette montagne, 
ou bien celle-ci, ou bien encore celle-là, 
mais de parcourir le chemin. 
Et de le faire avec attention, persévérance, 
avec le coeur ouvert et l'esprit vigilant. 
 Ce n'est pas le nom du sommet que nous avons gravi qui nous transforme, 
 mais la présence et l'amour que nous avons mis dans la marche. 
Le monde est beau par la variété de ses paysages. 
La vie spirituelle est belle par le foisonnement de ses chemins.
.
 
L'Ame du monde nous a donné un précieux attelage 
composé de deux chevaux et d'un cocher. 
Les deux chevaux, ce sont le corps physique 
et le corps émotionnel et psychique. 
Le cocher, c'est l'âme spirituelle ou l'esprit. 
Tout au long de la vie, il nous faudra apprendre 
à maîtriser cet étrange attelage. 
Car sa bonne marche relève de la parfaite symbiose 
entre les trois éléments qui le composent. 
Si le cocher est faible ou inexpérimenté et ne domine pas ses montures, 
l'attelage ira n'importe où, s'échouera dans un ravin ou errera sans fin. 
Si les montures ne s'entendent pas, 
l'attelage sera très difficile à tenir et sa course chaotique. 
Si les montures sont fatiguées ou mal nourries, 
l'attelage avancera péniblement.
 Apprendre à vivre, cela commence donc 
par apprendre à connaître et prendre soin de son corps, 
de son psychisme et de son esprit, 
et favoriser la bonne entente de ces trois dimensions de notre être.  
.

Ne mentez pas car le mensonge est un des principaux poisons de l'äme. 
Il détruit le sens du vrai, il fausse toute relation 
et vous empêche de progresser. 
.
 
Notre monde actuel est pris dans cette frénésie du "toujours plus", 
de l'activisme, de l'accumulation des richesses, 
alors que l'homme a besoin de bien peu de choses pour être heureux. 
L'essentiel de son bonheur ne relève pas de ses possessions, 
mais de la paix de l'âme.  
.

Frédéric Lenoir
"L'Âme du monde"
.


 
 

dimanche 18 juillet 2021

91 . ETTY HILLESUM : Une vie bouleversée

 

Encore un livre que je viens vous re-conseiller...

parce qu'il résonne assez fortement avec l'actualité...

 


 
 
 Je me sens responsable du sentiment grand et beau
que la vie m'inspire et j'ai le devoir d'essayer
de le transporter intact à travers cette époque
pour atteindre des jours meilleurs. ...

 
On peut nous rendre la vie assez dure,
nous dépouiller de certains biens matériels,
nous enlever une certaine liberté de mouvement tout extérieure,
mais c’est nous-mêmes qui nous dépouillons de nos meilleures forces
par une attitude psychologique désastreuse.

En nous sentant persécutés, humiliés, opprimés.
En éprouvant de la haine.
En crânant pour cacher notre peur.

On a bien le droit d’être triste et abattu, de temps en temps,
par ce qu’on nous fait subir : c’est humain et compréhensible.

Et pourtant la vraie spoliation 
c’est nous-mêmes qui nous l’infligeons.

 
Etty Hillesum
"Une vie bouleversée"

 .

 

   
 
 
 
 

91. CITATIONS CHOISIES

 

Je ne vois pas d’autre issue : 
que chacun de nous fasse un retour sur lui-même
 et extirpe et anéantisse en lui
 tout ce qu’il croit devoir anéantir chez les autres. 
Et soyons bien convaincus que le moindre atome de haine
 que nous ajoutons à ce monde
 nous le rend plus inhospitalier qu’il n’est déjà. 
.

Où que je sois, j'essaierai d'irradier un peu d'amour,
de ce véritable amour du prochain qui est en moi.
...
.

L'éventualité de la mort est intégrée à ma vie ;
regarder la mort en face et l'accepter
 comme partie intégrante de la vie, 
c'est élargir cette vie. 
 
A l'inverse, sacrifier dès maintenant à la mort 
un morceau de cette vie, 
par peur de la mort et refus de l'accepter, 
c'est le meilleur moyen de ne garder 
qu'un pauvre petit bout de vie mutilée, 
méritant à peine le nom de vie.
 
Cela semble un paradoxe : 
en excluant la mort de sa vie, 
on se prive d'une vie complète, 
et en l'accueillant on élargit et on enrichit sa vie.
...
.
 
Ce matin en longeant à bicyclette le Stadionkade,
je m’enchantais du vaste horizon
que l’on découvre aux lisières de la ville
et je respirais l’air qu’on ne m’a pas encore rationné.
Partout des pancartes interdisaient aux Juifs
les petits chemins menant dans la nature.
Mais au-dessus de ce bout de route qui nous reste ouvert,
le ciel s’étale tout entier.
On ne peut rien nous faire, vraiment rien.

On peut nous rendre la vie assez dure,
nous dépouiller de certains biens matériels,
nous enlever une certaine liberté de mouvement tout extérieure,
mais c’est nous-mêmes qui nous dépouillons de nos meilleures forces
par une attitude psychologique désastreuse.


En nous sentant persécutés, humiliés, opprimés.
En éprouvant de la haine.
En crânant pour cacher notre peur.
On a bien le droit d’être triste et abattu, de temps en temps,
par ce qu’on nous fait subir : c’est humain et compréhensible.
Et pourtant la vraie spoliation c’est nous-mêmes qui nous l’infligeons.

Je trouve la vie belle et je me sens libre.
En moi des cieux se déploient aussi vastes que le firmament.
Je crois en Dieu et je crois en l’homme.

J’ose le dire sans fausse honte.
 La vie est difficile mais ce n’est pas grave.
Il faut commencer par « prendre au sérieux son propre sérieux »,
le reste vient de soi-même.


Travailler à soi-même,
ce n’est pas faire preuve d’individualisme morbide.
Si la paix s’installe un jour, elle ne pourra être authentique
que si chaque individu fait d’abord la paix en soi-même,
extirpe tout sentiment de haine
pour quelque race ou quelque peuple que ce soit,
ou bien domine cette haine et la change en autre chose,
peut-être même à la longue en amour – ou est-ce trop demander ?
C’est pourtant la seule solution…

Ce petit morceau d’éternité qu’on porte en soi,
on peut l’épuiser en un mot aussi bien qu’en dix gros traités.
Je suis une femme heureuse et je chante les louanges de cette vie,
 oui vous avez bien lu, en l’an de grâce 1942,
en la énième année de guerre." 

...
.


 Etty Hillesum
"Une vie bouleversée"
.



samedi 20 février 2021

90- CHRISTIANE SINGER : Du bon usage des crises


Voici, enfin,  le troisième et dernier livre de ce blog
qu'il me paraît indispensable de "relire" en ce moment  :


 
 
L'insignifiance et la futilité qui règnent en maîtres
barrent l'accès au réel et à la profondeur : 
Aussi ai-je gagné la certitude que les catastrophes ne sont là
que pour nous éviter le pire.
Et y a-t-il pire que d'avoir traversé la vie
sans houle et sans naufrage,
d'être resté à la surface des choses,
d'avoir dansé toute une vie au bal des ombres ?
.
Christiane Singer
.
 

 



90 - CITATIONS CHOISIES

 

Les pensées négatives sont puissantes
et nous aspirent vers la noirceur.
Et la même force est à notre disposition
dans la ferveur.

.
Annick de Souzenelle m'a donné cette magnifique phrase :
"Un arbre qui tombe fait plus de bruit
que toute une forêt qui pousse."

Nos actualités, nos informations ne sont faites que d'arbres qui tombent. 

Le monde aurait disparu depuis bien longtemps si ceci était l'unique réalité. 
Le monde tient debout par ce réseau d'amour que nous créons, vous et moi, 
chaque jour, et tous ces êtres qui, en cet instant, sont en train de faire quelque chose, 
des actes d'amour dans le monde, un regard de tendresse pour la terre 
qui nous entoure, pour la création. 
Cela tient le monde debout.

Il ne s'agit pas de se détacher du monde, 
mais de le rencontrer à partir d'une autre force. 

Quelque chose en moi sait que rien ne peut m'arriver, 
que rien ne peut me détruire. 
C'est ce noyau infracassable en nous, 
ce noyau infracassable du divin en nous. 
Alors la peur cesse, et quand la peur cesse, 
il y a un drôle de morceau de moins d'horreur sur la terre!

Parce que la peur est la plus grande créatrice de réalités qui existe. 
Ce dont nous avons peur, nous le créons presque irrémédiablement.

C'est quelque chose d'effarant. Vous avez dû le remarquer dans votre vie. 
La peur a le pouvoir d'engendrer images et réalités. 
Dans l'univers d'épouvante dans lequel nous vivons, 
tout tient par la peur. 

Il faut y répondre en congédiant en nous la peur, 
en reprenant contact avec ce noyau infracassable qui nous habite.
Christiane Singer
"Du bon usage des crises"
.
 
 
 

 

mardi 29 septembre 2020

89 - JEAN-CHRISTOPHE RUFIN : Globalia

 
Pour la deuxième fois,
et pour des raisons d'"actualité", 
je me permets de vous proposer à nouveau
 
 
S'il fallait le résumer en une phrase, 
 je dirais qu'il décrit, de façon romancée,
ce que peut devenir une société,
quand on pousse le curseur "sécurité" 
au maximum...

 
 


 
L'univers de Jean-Christophe Rufin pourrait être
celui d'un Nouveau Monde. 
Une démocratie compartimentée, 
régie par un calendrier où chaque jour a sa valeur, 
habillée de bulles de verre, 
assurant une température agréable et idéale toute l'année ;
 des indicateurs au service d'une protection sociale 
où dominent psychologues et officiers ; 
la volonté de faire perdurer les existences ;
 une prospérité ad vitam aeternam pour tous 
et tout le monde au pas. 
 
En somme, en apparence ça pourrait aller plus mal ! 
Seulement voilà, ce monde nouveau, 
calibré, mesuré, étudié, encadré est bien ennuyeux. 
On y bannit le passé, on y surveille la pensée, 
on contrôle les sorties du territoire, 
on montre du doigt les réfractaires. 
Tel est le prix et le revers de l'uniformisation. 
 
Un prix difficilement supportable pour Baïkal Smith 
qui tenterait bien l'aventure ailleurs, 
avec ses risques et périls. 
 
Globalia vaut donc bien Big Brother 
et 2004 revêt des allures de 1984.
 Sur les traces d'Orwell, mais pleinement inscrit dans son temps, 
Jean-Christophe Rufin épingle les travers de nos modernités, 
en proie aux totalitarismes. 
(...)
 




89 - CITATIONS CHOISIES

 
 
 Le problème, je vous l’ai dit, 
c’est que les gens ont besoin de la peur. 
Pas vous, peut-être. Vous êtes une exception. 
Mais les autres, tous les autres : 
pourquoi croyez-vous qu’ils allument leurs écrans chaque soir ?
Pour savoir à quoi ils ont échappé. 
(La peur) est une denrée vitale. 
Dans une société de liberté, c'est la seule chose 
qui fait tenir les gens ensemble. 
Sans menace, sans ennemi, sans peur, pourquoi obéir, 
pourquoi travailler, pourquoi accepter l'ordre des choses ? 
Croyez-moi, un bon ennemi est la clef d'une société équilibrée. 
.
 
Il avait une envie profonde de s'autoriser la sincérité. 
Un instant, il se sentit vieux, misérable et sale, 
impuissant surtout, terriblement impuissant.
— Le Président, soupira-t-il… 
Croyez-vous qu'il ait la moindre autorité sur ces choses ?
(…)
— Vous savez ce que c'est notre métier ? commença-t-il. 
Du théâtre, voilà tout. 
Nous représentons, cela dit bien ce que cela veut dire. 
.
 
 Toutefois, on ne saurait trop insister sur l'importance des mentalités. 
La cohésion en Globalia ne peut être assurée
 qu'en sensibilisant sans relâche les populations 
à un certain nombre de dangers: 
le terrorisme, bien sûr, 
les risques écologiques et la paupérisation. 
Le ciment social doit être la peur de ces trois périls 
et l'idée que seule la démocratie globalienne 
peut leur apporter un remède. 
.
 
Il ne s'agissait bien sûr pas de les surveiller 
mais seulement d'assurer leur sécurité.
.
 
Brusquement Baïkal se redressa 
et regarda autour de lui avec les yeux 
de celui qui s'éveille d'un long rêve.
(...)
Le tragique de la vie humaine lui apparaissait dans toute sa cruauté : 
il était impossible de vivre en Globalia sans perdre son âme 
mais au prix de cette renonciation, 
on obtenait au moins la consolation des objets, 
le confort, les douceurs de la prospérité. 
 .
 
Désormais, il voyait en Globalia un ennemi, 
une construction humaine retournée contre les hommes, 
un édifice fondé sur la liberté mais qui écrasait toute liberté, 
un monstre politique à détruire.  
.

 
.
 
 
 

vendredi 17 avril 2020

88 - DENIS MARQUET : Colère


En ces temps troublés, 
de pandémie et de bouleversements en tous genres,
je crois qu'il peut être utile 
de (re)lire ce livre de Denis Marquet,
visionnaire et précurseur de bien des façons.

Je le ressors donc des "oubliettes" de ce blog
et je vous le poste une deuxième fois...
non pas pour vous faire peur, 
mais parce que le livre ouvre aussi,
et c'est son principal intérêt, 
de fabuleuses pistes de réflexion...



Résumé  du livre 
(publié en 2003) :
 
Des virus nouveaux frappent la population.
Les animaux deviennent  agressifs.
Séismes, ouragans, raz de marée se multiplient.
Tout se passe comme si la nature,
brutalement, s'était mise en colère.
Hypothèse absurde ?
Pas aux yeux de Mary, l'anthropologue, 
depuis longtemps initiée
aux secrets de la spiritualité ancienne.

Scientifiques et gouvernants s'affolent.
La tragédie va crescendo.
L'espèce humaine va-t-elle disparaître ?
Denis Marquet signe avec ce premier roman
un thriller-catastrophe d'une ampleur inouïe,
qui sonne comme un ultime avertissement
donné à l'homme,
devenu le bourreau de sa planète.
.

"Le scénariste déchaîné n'oublie jamais qu'il est aussi philosophe. 
Son apocalypse n'en est que plus crédible".
Didier Sénécal "Lire"

"Colère" se présente avant tout comme un formidable thriller.
On le dévore avec un plaisir pimenté d'angoisse.
Roman-catastrophe détaillant un naufrage titanesque, 
celui de ce vaisseau qu'on disait insubmersible : la Terre.

Bernard Le Saux "Le Figaro Magazine"
.




Interview de l'auteur
(sur un autre sujet)
.




88- CITATIONS CHOISIES



C'est fou comme le monde peut changer en quelques jours.
J'habite Winsburg depuis quatre ans.
C'est une petite ville adorable, trente kilomètres au sud de Phoenix.
Les gens se parlent, aucun problème de communautés. 
Il y fait bon vivre.
Je devrais dire : il y faisait bon...
Je suis sorti en début d'après-midi faire un tour.
J'avais passé plus de trente heures devant mon ordinateur...(...)
Trente heures sans dormir ni manger.
J'avais besoin d'un bol d'air, de voir du monde, 
de parler à quelqu'un avant de rentrer m'écrouler sur un divan.
 J'ai pris l'air mais je n'ai vu personne.

Il m'était arrivé, certains jours de grande chaleur,
de me balader dans Winsburg déserte. 
Tout le monde abrité dans l'ombre des maisons, volets fermés...
mais on sentait de la vie à l'intérieur, un désir de vivre et d'ouvrir
et, à la nuit tombante, on se retrouvait à respirer la fraîcheur du soir,
à partager une bière au Barney's.
Alors que là...une ville désertée.
Morte, totalement.
Une ville sans désir.
Une ville de peur.
Les gens sont terrés.
(...)

Un peu partout on a peur de manquer,
alors on fait des stocks.
Ce qui engendre des pénuries.
A Winsburg, on n'a pas encore vu
de queues devant les magasins,
mais dans certaines grandes villes...
(...)
On ne se touche plus et on ne se parle plus.
Le corps de l'autre, parce qu'il est en vie, est une menace.
Ceux qui le peuvent fuient les grandes villes;
les autres y vivent terrés, fuyant les contacts.
Les grandes entreprises autorisent les cols blancs 
à travailler depuis leur domicile.
Les bureaux sont déserts.

Wall Street s'affole, 
la plupart des cours sont en chute libre.
(...)
.
Denis Marquet
"Colère"
(2003)
.



vendredi 18 octobre 2019

87- RICHARD BACH : Jonathan Livingston le goéland




Décidément, Jonathan Livingston n'est pas un goéland comme les autres.
Sa seule passion : voler toujours plus haut et plus vite pour être libre.
Mais cet original qui ne se contente pas de voler pour se nourrir
ne plaît guère à la communauté des goélands.
 Condamné à l'exil, seul, Jonathan poursuit ses découvertes,
sans peur, sans colère.

Il est seulement triste de ne pouvoir les partager,
jusqu'au jour où il rencontre des amis...
Jonathan apprend alors à briser les chaînes
qui emprisonnent son corps et ses pensées.

Ce livre est une fable sur le fait de tirer le meilleur parti de nos vies,
même si nos objectifs sont contraires aux normes de notre tribu.
C'est un chef d'oeuvre non seulement par sa forme,
mais par la lecture entre les lignes qu'il permet.
Un peu dans la lignée du "Petit Prince" de Saint-Exupéry...
Il est d'ailleurs intéressant de noter
que les deux auteurs étaient tous deux aviateurs.

Hymne à la découverte et à la liberté, 
ce court roman est une petite merveille de poésie 
mais aussi un conte initiatique
et un best-seller traduit dans le monde entier.


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87- CITATIONS CHOISIES


 As-tu idée du nombre de vies qu'il nous aura fallu vivre 
avant que de soupçonner qu'il puisse y avoir mieux à faire dans l'existence 
que manger, ou se battre, ou bien conquérir le pouvoir 
aux dépens de la communauté ? 
.
– Irresponsabilité ? Mes frères ! s’écria-t-il, 
qui donc est plus responsable que le goéland
qui découvre un sens plus noble à la vie 
et poursuit un plus haut dessein que ceux qui l’ont précédé ? 
Mille années durant, nous avons joué des ailes et du bec
pour ramasser des têtes de poisson,
 mais désormais nous avons une raison de vivre :
apprendre, découvrir, être libres !
 Offrez-moi seulement une chance de vous convaincre, 
laissez-moi vous montrer ce que j’ai découvert… 
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Brisez vos limites, faites sauter les barrières de vos contraintes, 
mobilisez votre volonté, exigez la liberté comme un droit,
soyez ce que vous voulez être. 
Découvrez ce que vous aimeriez faire 
et faites tout votre possible pour y parvenir. 
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Il parla de choses fort simples,
disant qu’il appartenait à un goéland de voler, 
que la liberté est dans la nature même de son être, 
que tout ce qui entrave cette liberté doit être rejeté, 
qu’il s’agisse d’un rite, d’une superstition 
ou d’un quelconque interdit.  
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Jonathan le goéland comprit que l'ennui, la peur et la colère 
sont les raisons pour lesquelles la vie des goélands est si brève 
et, comme il les avait chassés de ses pensées, 
il vivait pleinement une existence prolongée et belle. 
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Votre corps, d’une extrémité d’aile à l’autre, disait parfois Jonathan, 
 n’existe que dans votre pensée, qui lui donne une forme palpable. 
 Brisez les chaînes de vos pensées et vous briserez aussi les chaînes 
qui retiennent votre corps prisonnier...
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-Tu n'aimes ni la haine, ni le mal, c'est évident. 
Il faut t'efforcer de voir le Goéland véritable 
- celui qui est bon - en chacun de tes semblables 
et l'aider à le découvrir en lui-même. 
C'est là ce que j'entends par amour.  
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Pour voler à la vitesse de la pensée vers tout lieu existant, 
il te faut commencer par être convaincu 
que tu es déjà arrivé à destination. 
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Richard Bach
Jonathan Livingstone le Goéland
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