dimanche 6 mai 2018

79. CITATIONS

 
 
Très tôt, donc, j'ai pris conscience que c'était la proximité de la mort
 qui nous poussait dans cette ardente urgence de vivre,
 et que surtout la mort était au-dedans de nous comme un aimant
 qui nous tirait vers une forme de réalisation.
.
 
N'oublie pas ceux qui sont au fond de l'abîme,
Privés de feu, de lampe, de joue consolante,
De main secourable...Ne les oublie pas,
Car eux se souviennent des éclairs de l'enfance,
Des éclats de jeunesse - la vie en échos
Des fontaines, en foulées du vent -, où vont-ils
Si tu les oublies, toi, Dieu de souvenance?
.
 
Puisque tout ce qui est de vie
Se relie,
Nous nous soumettrons
À, la marée qui emporte la lune,
A la lune qui ramène la marée,
Aux disparus sans qui nous ne serions pas,
Aux survivants sans qui nous ne serions pas,
Aux sourds appels qui diminuent,
Aux cris muets qui continuent,
Aux regards pétrifiés par les frayeurs
Au bout desquelles un chant d'enfant revient}
A ce qui revient et ne s'en va plus,
A ce qui revient et se fond dans le noir,
A chaque étoile perdue dans la nuit,
A chaque larme séchée dans la nuit,
A chaque nuit d'une vie,
À chaque minute
D'une unique nuit
Où se réunit
Tout ce qui se relie'

A la vie privée d'oubli
A la mort abolie 
.
 
François Cheng
"Cinq méditations sur la mort"
.
 
 
 
 


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