jeudi 23 février 2017

74. MICHEL FROMAGET : Corps Âme Esprit




Voici un livre "coup de coeur", 
un livre qui va à l'"essentiel"...
et même à l'essentiel de l'essentiel, 
puisqu'il nous parle de la nature de l'homme, 
 et de sa constitution ...interne.

Il est long, fouillé et...absolument passionnant, 
mais difficile à résumer.

Pour vous le présenter, j'ai choisi un extrait d'un article 
écrit par Michel Fromaget sur le même sujet,
article que vous pouvez lire dans son intégralité ICI
(ce que je ne saurais que vous recommander...
car il donne, de façon agréable et très vivante,  
un bon aperçu de la pensée de l'auteur)

Beaucoup de choses s'éclairent en effet dans nos vies
(et dans notre pensée)
quand nous comprenons que nous sommes 
des êtres  tridimensionnels (corps-âme-esprit) 
et non pas bidimensionnels (corps-âme)...
ainsi que notre culture nous le fait croire...


"Je reviendrai, tout à l’heure, comme il convient,
sur les notions d’âme et d’esprit, 
telles qu’elles sont entendues classiquement dans l’anthropologie ternaire.
Mais je désire, dès à présent, lever une équivoque.

En premier lieu, il convient que vous n’accordiez au mot « âme »
– contrairement à l’habitude –
aucune signification religieuse, spirituelle ou bien affective et romantique.
Le mot « âme » signifie ici simplement le mental, la part psychique de l’être.

Quant à l’esprit, à l’inverse, gardez-vous bien de l’assimiler
à des qualités ou fonctions psychiques telles la pensée, l’intelligence,
ou bien comme désignant l’ensemble des facultés psychologiques de la personne.
Car l’esprit dont nous parlons est une réalité mystérieuse
spécifiquement religieuse ou spirituelle.
Nous y reviendrons.

Nous parlons donc d’anthropologie.
Mais ce terme ne désigne pas dans mon propos d’aujourd’hui
la discipline scientifique du même nom
mais, de manière plus ponctuelle, une compréhension,
une conception, une représentation de l’homme élaborée par une civilisation,
une religion, une philosophie, voire par un auteur.
Ainsi pourrons-nous parler d’anthropologie grecque ou bien de celle de saint Jean.

L’adjectif ontologique qualifiera pour nous
une composante, une caractéristique,
une qualité essentielle ou substantielle,
c’est-à-dire encore une qualité strictement nécessaire à la définition d’un être.
Et ceci qu’il s’agisse de l’être de l’homme, de celui d’une pivoine,
d’un rouge-gorge ou d’un triangle.

Nous devons, en outre, bien voir ceci.
L’anthropologie dualiste, ou binaire,
telle que nous l’entendrons,
authentifie en l’homme,
sans pour autant les opposer nécessairement,
deux dimensions ontologiques et deux seulement :
physique et psychique,
soit le corps et l’âme.

A l’inverse, l’anthropologie ternaire, tripartite, ou spirituelle 
– certains disent encore « holistique »
– affirme qu’il n’y a d’homme accompli que tissé, non plus de deux,
 mais de trois modalités : 
le corps, l’âme et l’esprit.

Mais il faut concevoir ces deux conceptions,
ces deux anthropologies, pour ce qu’elles sont :
elles sont ce que les scientifiques appellent des paradigmes,
autrement dit des « systèmes de représentation du réel
qui permettent de le définir et d’avoir prise sur lui ».

Ce qui ne signifie nullement qu’ils décrivent la réalité telle qu’elle est.
Ainsi les « paradigmes cosmologiques » de Ptolémée et de Copernic,
le premier géocentrique et le second héliocentrique,
ont certes permis de faire de grandes découvertes.
Mais nous  savons aujourd’hui que l’univers
n’est certainement pas fait comme ils le disent.

On retiendra, enfin, cette particularité suressentielle
des paradigmes anthropologiques
dont les cosmologiques sont dépourvus.
A savoir que les premiers, non seulement
ne décrivent pas leur objet – l’homme – tel qu’il est fait,
 mais qu’ils tendent, de plus,
à le faire tel qu’ils le décrivent.

Michel Fromaget
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Sur le même sujet (et du même auteur),
mais plus court et plus accessible :



Et une vidéo de Michel Fromaget






74. CITATIONS CHOISIES


Aucun homme ne peut voir directement son propre visage. 
Mon propre visage qui, je n'en doute pas, est réel, m'est, 
sans médiation, à moi-même invisible. 
Il y a là de quoi méditer en profondeur : 
je ne peux nullement voir, dans mon corps, 
la part qui est le plus moi-même, celle montrant qui je suis. 

Je ne peux jamais la découvrir que reflétée soit par une surface miroitante, 
soit par tout autre procédé. 
Oh! ce reflet mérite grande estime, et grande attention. 
La psychologie génétique, nous le savons, 
apprend que c'est grâce à son image spéculaire, 
à son image dans le miroir, que le petit enfant prend conscience de son humanité 
et de son individualité. 
Mais autre l'enfant, autre son image! 
Autre la réalité, autre son reflet ! 
Confondre les deux est la faute, le péché, le drame de Narcisse. 
Or, le mythe précise qu'il en meurt. Il faut entendre cela.

"Je suis moi", "Je suis mon âme", "je suis ma personne", 
sont des affirmations exprimant la même fatale erreur. 
Arthur Rimbaud, dont le génie se manifesta avec une précocité incroyable 
avait déjà bien aperçu ce piège dès l'âge de dix-sept ans, 
lui qui écrivit, en une phrase lapidaire dont les cinq mots 
apprennent plus sur la nature profonde et essentielle de l'homme 
que tous les traités de psychologie réunis :

" Car JE est un autre"
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lundi 20 février 2017

73. PIERRE DACO : Comprendre les femmes



Un livre ancien...
et pourtant toujours d'actualité...

Pour les femmes qui veulent se connaître…
Pour les adolescentes qui sont les femmes de demain…
Pour les hommes qui se heurtent au « mystère » féminin…
Pour les couples dont l'harmonie est une inquiétude primordiale…

Délaissant volontairement l'actualité passagère, 
Pierre Daco nous entraîne à la recherche 
de la femme profonde et éternelle, 
affirmant nettement que la rénovation du monde 
dépend de celle de la femme. 

Dans un style percutant et imagé, 
le psychologue des profondeurs qu'est Pierre Daco 
nous explique pourquoi on trompe les femmes,
 pourquoi on les abandonne et, surtout, pourquoi on les craint. 
Car ce livre est également une saisissante étude 
de la peur masculine devant la femme. 
 
Fruit d'années de pratique psychologique, 
voici un ouvrage constituant une véritable entreprise 
d'analyse et d'objectivation de la femme, 
qui nous apparaît étonnamment transfigurée et grandie.
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73. CITATIONS CHOISIES


...Etre une femme est évidemment le résultat d'une structure glandulaire.
Mais la Féminité et la Masculinité sont, chez une femme ou un homme, 
deux manières d'utiliser l'énergie dont ils disposent.

Les femmes et les hommes ne doivent pas être pensés d'abord en tant que sexes, 
mais comme des récepteurs ou des émetteurs d'énergie.

Une révolution est-elle possible ?

La femme dispose des ressources nécessaires
(...)
 Il est vrai que ce chapitre semble une dérision face à ce qui se passe autour de nous 
et face au chemin qui reste à parcourir. Il n'est que de faire un essai : 
demandez au premier venu de vous dire le premier mot qui lui viendra à l'esprit 
en réponse au mot "féminité".
Vous obtiendrez toutes les réponses possibles, sauf  la bonne qui est  : 
énergie intérieure, énergie potentielle, énergie fondamentale, 
base indispensable à toute réalisation humaine.

La Féminité est une puissance en soi, certes. Mais que peut faire la femme 
si on lui montre l'inverse à tout bout de champ ? 
Si on entretient l'image, l'usage, et la vente d'une multitude de féminités pitoyables,
 de femmes-végétaux, de femmes-statufiées, de femmes-narcissiques, 
de femmes-mannequins, de femmes hyperbaguées et perruquées,
de marionnettes décolorées,  de jeunes filles traînant leur ennui dans la poussière
en même temps que leurs pantalons ?
Etant donné leurs maigres énergies, comment pourraient-elles devenir créatrices, 
de façon autonome et non agressive ?

Il ne leur reste qu'à faire appel à une créativité extérieure 
qui leur servira de substitut : celle de l'homme.

Mais, en agissant de la sorte, les femmes accumulent, bon an mal an, 
tant d'amertumes inconscientes qu'elles aboutissent
à une sorte de résignation hargneuse, 
qui est la dégradation type de la féminité.
 Quant aux autres, il est fatal qu'elles méprisent leur condition, 
puisqu'elles continuent de vivre selon l'équation : 
Féminité = faiblesse.

Les vertus fondamentales
En somme : ou bien on contraint les femmes à demeurer faussement féminines 
selon des critères anciens, c'est-à-dire ombreuses, glauques, sans consistance. 
Ou bien on les oblige à une "masculinité" tout aussi fausse, 
calquée sur celle des hommes modernes.

De temps à autre apparaissent sur la scène quelques femmes célèbres. 
Croyez-vous qu'on les présente comme ayant réalisé
leur Féminité et leur Masculinité authentiques ? Nullement :
on leur attribue a priori du génie;
de la sorte, on en fait des exemplaires "exceptionnels", 
et l'on renforce en conséquence l'état d'infériorité des autres femmes.

Une jeune fille me disait à ce propos :
- Nous avons alors l'impression d'être des demeurées aux dents longues, 
à qui on dirait : "les femmes aussi sont capables de faire quelque chose !" 
Pourquoi ne dit-on pas simplement : 
"Voilà la femme réelle !"
Cette jeune fille avait raison. Un vaste courant d'information psychologique 
devrait inciter les femmes à entreprendre leur propre révolution.
Il faut décrasser le mot "féminité" de ses taches d'infériorité, de culpabilité, 
d'angoisse, d'insécurité, d'hostilité.

Certes, une révolution personnelle exige du temps,
de la patience, de la tenacité, de la lucidité. 
Les personnes qui entreprennent une psychanalyse 
(la plus profonde révolution personnelle que l'on puisse opérer) 
en savent quelque chose.
Or, le temps, la patience, la tenacité, la lucidité
sont des caractéristiques de la féminité. 
Les femmes sont donc prédisposées à cette révolution intérieure. 
Mais il serait temps, pour elles et pour le monde, qu'elles le comprennent.(...)

Le rôle de la psychologie moderne
Sa tâche première, mais immense, est de rendre leur véritable sens 
aux notions de Féminité et de Masculinité.

Sa seconde tâche dérive de la première. 
Si la Féminité réelle est une force vive et indispensable,
 il faut la susciter à travers le monde.
C'est-à-dire aider les êtres humains à retrouver au fond d'eux-mêmes 
les valeurs de compassion, de pitié, d'humanité, de paix.

Je crois que beaucoup le désirent, non pas en raison d'une morale,
 mais parce que la déshumanisation générale leur fait peur. 
Peu importe d'ailleurs la motivation de départ 
si l'on obtient un bon résultat.

Il faut rendre sa place à la féminité : 
mais il ne s'agit pas d'une révolte des femmes contre la "loi du mâle". 
La difficulté est bien plus profonde : elle concerne l'angoisse et la peur 
qui sont à l'origine de cette soi-disant "loi du mâle" (...)

Les technocrates purs ne savent pas à quel point
ils ont rompu avec la féminité et la vie.
Poussés par une peur obscure, ils vont de planète en planète, d'idée en idée, 
de théorie en théorie, de guerre en guerre : 
comment pourraient-ils s'arrêter aussi longtemps qu'ils n'auront pas retrouvé leur lucidité, 
leur énergie intérieure, aussi longtemps que le mot "humanité"
restera pour eux vide de sens ?
Rendre la Féminité au monde, cela signifie
lui redonner une sagesse profonde, puissante, 
qui s'extériorise immédiatement en des activités humaines, urgentes,
et de bon sens.

Cela implique également une modification radicale de l'esprit qui anime la technocratie. 
Si la technocratie a pris un visage inhumain,
 c'est que lui manquent les grandes caractéristiques de la féminité : 
l'ordre, la lucidité profonde, la sagesse, la réflexion, le temps, la paix.

Comprend-on à quel point le monde a besoin de femmes et d'hommes "à deux pôles" ? 
Combien il est urgent que les humains cessent d'alimenter leur activité 
à une féminité malade, infantile, désordonnée ?

Quand la féminité aura retrouvé la place qui lui est due -
mais des centaines d'années, sans doute, seront nécessaires -
les mères redeviendront par le fait même les supports du monde. 
Car toute force intérieure -comme toute faiblesse - chez une fille ou un garçon, 
sont en provenance directe de la mère.
C'est pourquoi la psychologie moderne devrait se donner comme but premier 
d'aider la femme à se retrouver. 

C'est-à-dire :

- Redevenir une observatrice lucide, attentive, perspicace, calme.
- Redevenir davantage spectatrice de soi et du monde, au lieu d'être une "actrice" 
qui obéit (par culpabilité) aux impératifs anciens et nouveaux
- Réorganiser sa féminité dans l'acception la plus forte du terme
- Prendre un certain "recul" qui lui permettrait 
de dénoncer et de redresser les erreurs actuelles

Eh oui ! Dans quelques siècles, peut-être...
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Pierre Daco
"Comprendre les femmes"
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