vendredi 22 avril 2016

69. LILY JATTIOT : Sagesse du Féminin

Notre monde occidental, celui de la technologie et de la logique rationnelle,
dans la ligne des valeurs patriarcales, a dévalorisé le coeur,
 le sentiment, l'émotion rangés dans la catégorie de l'irrationnel archaïque.
Il a ce faisant donné la suprématie à l'intelligence de type masculin
qui recherche des résultats, au détriment
de l'intelligence de type féminin qui recherche des liens.

En effet outre l'intelligence logique existe une autre intelligence :
 celle du lien, de la relation, plus contemplative,
 le plus souvent assimilée à l'art, à la poésie...
 Cette forme de sagesse est, pour l’auteure,
reliée aux facultés féminines :
savoir entrer en relation sage et habile,
avec les autres, avec le monde, avec soi-même.

        Contrairement à la logique froide, cette intelligence au féminin
 a choisi de passer par la fiction, l'imagination et la fabulation
pour approcher au plus près la vérité
et épouser  souplement les formes complexes du Réel.
         Le féminin déclassé et refoulé, loin d'avoir disparu,
 s'est réfugié dans l'imaginaire, les contes et les rêves.

Lily Jattiot, avec verve et bonne humeur, mais aussi une grande clarté,
 explore à travers des contes,  les Mille et une Nuits,
et Les Trois Plus Belles Pêches de Mai (conte d'origine bretonne),
 puis avec des rêves nocturnes authentiques, la grande sagesse de vie,
 la profondeur et la vérité pleine de saveur et d'humour qui parlent en sourdine.

        En confondant le masculin avec l'homme et le féminin avec la femme,
 notre monde simpliste mutile les deux.
 Redonner aux valeurs et à la sagesse féminines leur pleine place,
 retrouver le jeu et la joie sans raison, peut nous sortir de l'impasse.

        Le chemin proposé est alors de retrouver en nous un autre accès à la vérité :
d'ouvrir la porte à la réalité telle qu'elle est,
 pour l'accueillir et la vivre pleinement.
Ce livre sage et souple, se déguste comme une savoureuse histoire
 qui nous réconcilie avec nous même et avec les autres.
      

 Vidéo ICI, sur Phytospiritualité.

69. CITATIONS CHOISIES

 
Contrairement à la logique froide, qui depuis le Siècle des Lumières
et l'invention de la science moderne s'est séparée du cœur incertain
 et a dépeuplé le monde des esprits,
l'intelligence au féminin a choisi de passer par la fiction,
l'imagination et la fabulation pour approcher au plus près la vérité.
 
Ainsi, elle épouse souplement les formes complexes du Réel pour les sentir, 
 les toucher, les mémoriser, les anticiper, les chanter, les enchanter.
Elle est naturellement dans le Tao.
Elle danse la vie.
 
Avec son expérience, elle en pressent le mouvement,
 saisit d'où elle vient et où elle va,
et l'on nomme souvent cette étrange faculté intuition.
Cette intelligence-là ne pense pas
 que le plus court chemin entre deux points soit la ligne droite,
 elle coule et se coule, elle vaque, elle serpente;
aucun détour ne lui échappe, aucune particularité ne la déroute.
 
Elle pense en même temps le tout et la partie, elle patiente et prend son temps ;
elle n'a pas peur de l'éternité, du recommencement, de la répétition, de l'erreur,
pas plus que du mystère qu'elle laisse exister.
Elle ne craint pas de prendre le chemin des écoliers ;
elle ne s'ennuie jamais car pour elle, tout est toujours nouveau ;
 elle s'est faite disciple de la vie.
 
On comprend aisément qu'elle puisse inquiéter
 la logique masculine et abstraite
qui choisit la distance et l'analyse et ne veut en aucun cas
épouser les obscurités et les incertitudes,
et qui se passionne pour l'efficacité et la certitude.
 
Etrange pertinence de cette intelligence qui n'est efficace
 que lorsqu'elle aime (alors que la logique formelle n'a que faire de l'amour)
et qui déraille, c'est vrai, lorsqu'elle est dans le pouvoir et dans les affres du refus
.
Sa logique travaille avec le paradoxe :  paradoxe du cœur,
 car c'est avec le manque, l'obscurité et le mystère qu'elle fait route.
(...)
 
Jean Ferrat chante inspiré par Aragon : "La femme est l'avenir de l'homme"
Je dirais plutôt que le féminin est l'avenir du masculin (...)
 
Mais le plus souvent, ce féminin salvateur ne se voit pas.
Lorsqu'il est absent du paysage, tout se dessèche,
s'appauvrit et se craquelle, tout se désertifie.
 L'humain livré aux excès ne se ressemble plus, les choses déraillent,
 tout va de travers, un désespoir saisit le cœur.
 On se rend compte qu'il manque quelque chose...mais quoi ?
 
Mais lorsqu'il est présent, ce féminin subtil, sans que l'on voie très bien pourquoi,
 les choses vont bien, "ça roule", comme on dit,
les personnes sont ouvertes et bienveillantes, les communications aisées,
et du coup les difficultés se résolvent les unes après les autres.
Tout devient fluide. les éléments les plus complexes s'harmonisent et se complètent,
 un optimisme tranquille apparaît.
Subtilement, les rouages sont bien huilés et ronronnent.
 
Fabuleux féminin.
Sa langue est poétique, et sa saisie du Réel, inspirée.
Elle a soufflé dans la parole des Prophètes.
Elle fait bon ménage avec le génie.
Même bafouée, trahie, récupérée, prostituée, bannie et calomniée,
elle fait bonne compagnie avec la joie.
Envers et contre tout et surtout dans les lieux et les moments les plus sombres
 (Etty Hillesum prisonnière dans un camp de mort en est témoin)
 au mépris de toute logique, elle célèbre le bonheur d'être vivant.
 
Quel bonheur, quelle délivrance de retrouver la liberté insensée de son cœur !
.
Lily Jattiot
 

jeudi 14 avril 2016

68 - FREDERIC LENOIR , SIMONETTA GREGGIO : Nina



Adrien est un quadragénaire parisien, célibataire et sans enfants. 
Il a perdu le goût de vivre et décide, un soir, de se suicider. 
Il écrit son testament ainsi qu’une dernière lettre destinée à Nina, 
la femme de sa vie, la seule qu’il ait aimée 
d’un amour passionné et inconditionnel.
Nina et Adrien étaient des enfants lorsqu’ils se sont rencontrés. 
Les souvenirs de leurs vacances d’été passées à Ravello, 
le joyau de la côte amalfitaine, 
remontent par vagues à la mémoire de Adrien. 
Repoussant son suicide d’un soir, 
puis d’un autre et encore d’un autre, 
il les met par écrit dans cette longue lettre à Nina, 
qui devient, au fil des nuits, la bouleversante déclaration d’amour 
qu’il n’avait jamais osé faire à la jeune Italienne. 
Adrien avait toujours rêvé de devenir écrivain. 
Il lui aura fallu attendre cet instant ultime pour oser écrire. 
À bout de forces mais apaisé, il avale un mélange de médicaments 
et tombe dans un coma profond. 
Il ne se doute pas que ses mots vont bouleverser plusieurs existences :
 celle de Nina d’abord, mais également celle de tous ceux qui, 
de près ou de loin, vont être touchés par son écriture.
.
Un livre profondément émouvant,
touché par une sorte de "grâce"...
un grand cri d'amour !
.
Toutes les personnes à qui je l'ai conseillé...
m'ont remerciée !
.




68. CITATIONS CHOISIES


J'avais vingt et un ans. 
C'est si près et si loin à la fois.
Je répète cette phrase parce qu'elle est vraie, 
parce que la vie n'est pas une ligne droite, 
et qu'on respire dans ses méandres de manière fragmentée, 
avec des allers-retours, des accélérations insensées 
et des ralentissements qui nous figent pour longtemps.
.
Ce qu'il y a de pire dans le silence de l'autre, pensa t-il, 
c'est qu 'il vous renvoie à vous-même, à vos peurs les plus profondes, 
à vos souffrances les plus inavouées. 
A-t-il rêvé ces regards chargés de promesses ? 
Pour lui, la rencontre de leurs deux âmes était une réalité, 
jusqu'au moment où cette osmose s'est muée en détresse. 
Serait-ce possible qu'il ait vu de l'amour là où il n'y avait que de l'amitié?
.
Frédéric Lenoir - Simonetta Greggio
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lundi 11 avril 2016

67 . C.G. JUNG : L'homme à la découverte de son âme



Enfin à la portée de tout "honnête homme" ; de tout être,
de tout esprit curieux de lui-même, ce chef-d'oeuvre capital, clair,
sans jargon, simple et limpide dans sa langue,
profond dans ses apports, ses découvertes, ses vérités,
devenues aujourd'hui des évidences.
A la fois nouveau bien que déjà classique,
"L'Homme à la découverte de son âme" fut trop longtemps introuvable.
Depuis toujours l'homme se débat, pour le meilleur comme pour le pire,
avec ces plans vivants qu'il sent s'agiter
et palpiter au tréfonds de lui-même
et qu'il a épinglé du nom d'âme.

Rendre accessible ce qui est de l'ordre de l'âme à l'approche expérimentale,
tel fut, faits et preuves en main, le miracle paradoxalement réussi par Jung.
C'est ce lien expérimental à l'inconscient que le génie de Jung
apporta en dot au génie de Freud dans la période de leur compagnonnage.

Les complexes que Jung a mis en évidence,
 ces mélis-mélos, ignorés mais brûlants, de sensations et de besoins,
ces nœuds, inconscients mais contraignants, d'idées, d'émotions
 et d'imaginations sont à l'origine aussi bien du fameux complexe d’œdipe
 que des enregistrements neurophysiologiques les plus modernes.

Ils révèlent, avec les rêves, attestés dans l'histoire sinon justement compris,
la vie profonde, intense, bouleversante souvent, qui se déroule en tout être humain.
Mais comme Einstein l'a souligné, il est, de nos jours,
plus facile de faire exploser un atome que de se libérer d'un complexe !
L'Homme à la découverte de son âme ouvre de nouvelles portes
aux déroulements intérieurs, à l'intériorité
et l'élargit de l'expérimental au divin.
.
Docteur Roland Cahen
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Structure et fonctionnement de l'inconscient

Dans la première partie de ce livre Jung nous explique
combien  «nous dépendons, dans des proportions angoissantes,
d'un fonctionnement ponctuel de notre psychisme inconscient».
Il présente l'inconscient en ces termes :
 «ni concentré, ni intensif, mais crépusculaire jusqu'à l'obscurité,
il y gagne une extension immense et il renferme côte à côte,
de façon paradoxale, les éléments les plus hétérogènes ...».
La conscience, cette précieuse conquête de l'homme,
est «entourée par les abîmes de l'inconscient comme par une mer menaçante».
La méditation sur les rêves, produits spontanés de l'âme inconsciente,
nous offre la possibilité d'ouvrir le dialogue
et de diminuer cette menace qui pèse sur nous.

La deuxième partie nous familiarise avec les fonctions
et les structures du conscient et de l'inconscient.
Les contenus de l'inconscient sont répartis en trois classes :
accessibles, médiatement accessibles, inaccessibles.

La conscience, «épiderme flottant sur l'inconscient
qui s'étend dans les profondeurs»,
utilise certaines fonctions pour s'orienter dans l'espace extérieur :
la sensation, la pensée, l'intuition et le sentiment.
Le moi est défini comme «doté d'un pouvoir, d'une force créatrice,
conquête tardive de l'humanité, que nous appelons volonté».
L'orientation dans l'espace intérieur nous met en contact avec l'ombre
- la partie obscure du moi -, le souvenir, la mémoire,
les affects (colère, tristesse, angoisse), les «irruptions de l'inconscient».
L'introversion et l'extraversion distinguent deux grandes classes d'individus,
selon qu'ils s'orientent habituellement vers le monde intérieur ou le monde extérieur.
L'expérience des associations -  l'expérimentateur invite le sujet
à réagir à chaque mot inducteur aussi rapidement que possible
en prononçant seulement le premier mot qui lui vient à l'esprit -,
montre combien le temps et le type de réaction varient selon le mot induit :
ce sont des indices de complexes.
Le complexe affectif est défini comme «image émotionnelle et vivace
d'une situation psychique arrêtée, image incompatible, en outre,
avec l'attitude et l'atmosphère consciente habituelles ;
elle est douée d'une forte cohésion intérieure, d'une sorte de totalité propre,
et, à un degré relativement élevé, d'autonomie».

La troisième et dernière partie est consacrée aux rêves.
De nombreux exemples nous plongent dans ce monde étrange,
qui s'éclaire au fil des interprétations.
 «Rien n'est obscur à qui comprend ; seule l'incompréhension  fait apparaître
les choses inintelligibles et confuses» nous dit Jung.
Il insiste sur les effets d'une interprétation de rêves qui doit atteindre le cœur,
émouvoir l'être entier, pour le transformer durablement.

Vidéo à regarder
ICI
(non exportable)
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67. CITATIONS CHOISIES


dissimulée dans ce que l'âme a de plus obscur et de plus intime ; 
elle s'ouvre sur cette nuit originelle cosmique qui préfigurait l'âme 
bien avant l'existence de la conscience du moi et qui la perpétuera 
bien au-delà de ce qu'une conscience individuelle aura jamais atteint. 
Car toute conscience du moi est éparse ;
 elle distingue des faits isolés en procédant par séparation, 
extraction et différenciation ; 
seul est perçu ce qui peut entrer en rapport avec le moi. 
La conscience du moi, 
même quand elle effleure les nébuleuses les plus lointaines, 
n'est faite que d'enclaves bien délimitées. 
Toute conscience spécifie.

Par le rêve, en revanche, nous pénétrons dans l'être humain plus profond, 
plus général, plus vrai, plus durable, 
qui plonge encore dans le clair-obscur de la nuit originelle 
où il était un tout et où le Tout était en lui, 
au sein de la nature indifférenciée et impersonnalisée. 
C'est de ces profondeurs, où l'universel s'unifie, que jaillit le rêve, 
revêtirait-il même les apparences les plus puériles, 
les plus grotesques, les plus immorales. 
Il est d"une ingénuité fleurie et d'une véracité 
qui font rougir de honte nos flagorneries autobiographiques. 
Rien d'étonnant donc, à ce que, dans toutes les cultures antiques, 
on ait discerné dans le rêve impressionnant, 
dans le "grand rêve", un message des Dieux. 

Ce devait être un privilège de notre rationalisme d'expliquer le rêve et sa constitution
 par les seuls reliquats de la vie diurne, c'est-à-dire par les miettes 
du plantureux festin de la vie consciente tombée dans les bas-fonds. 
Comme si si ces profondeurs obscures n'étaient qu'un sac vide, 
ne recelant jamais que ce qui y est tombé d'en haut ! 
Pourquoi oublie-t-on toujours qu'il n'y a rien de grand ni de beau 
dans le vaste domaine de la culture humaine qui ne soit dû primitivement 
à une soudaine et heureuse inspiration ? 
Que deviendrait l'humanité si la source des inspirations tarissait ?

Le sac, ce serait bien plutôt au contraire la conscience, 
qui ne contient jamais plus que ce qui vient à l'esprit.
C'est quand la pensée nous fuit et que nous la cherchons en vain 
que nous mesurons combien nous dépendons de nos inspirations. 
Le rêve n'est rien d'autre qu'une inspiration 
qui nous vient de cette âme obscure et unificatrice. 
Qu'y aurait-il de plus naturel, une fois que nous sommes perdus 
dans les détails infinis et dans le labyrinthe de la surface du monde, 
que de nous arrêter au rêve pour y rechercher les points de vue 
susceptibles de nous ramener à nouveau 
à proximité des faits fondamentaux de l'existence humaine ? 

Mais nous nous heurtons ici aux préjugés les mieux enracinés :
 "Songes, mensonges" dit-on, les rêves sont sans réalité, 
ils mentent ou ne sont que des réalisations de désirs ; 
voilà les échappatoires alléguées pour ne pas prendre les rêves au sérieux, 
ce qui serait singulièrement incommode. 
L'audace présomptueuse de la conscience aime le cloisonnement, 
en dépit des inconvénients qu'il suscite ; 
c'est pourquoi on est peu enclin à octroyer 
quelque réalité à la vérité du rêve."
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C.G. Jung
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