samedi 21 février 2015

54. CHRISTIANE SINGER : Eloge du mariage, de l'engagement et autres folies



"Entre le désir profond de se lier,
de s'engager corps et âme,
 et le désir tout aussi profond de préserver sa liberté, 
d'échapper à tout lien, 
quel tohu-bohu ! 
Or, pour vivre ces exigences contradictoires 
et d'égale dignité sans être écartelé,
 il n'y a aucun secours à attendre
 ni de la philosophie, ni de la morale,
 ni d'aucun savoir constitué. 
Il est probable que les seuls modèles adaptés
 pour nous permettre d'avancer 
sont la haute-voltige et l'art du funambule. 
Un mariage ne se contracte pas.
 Il se danse. 
À nos risques et périls."
.
Christiane Singer
.




La vie ne se fixe pas, 
elle est en mouvement perpétuel,
 elle se danse.
 Voici un ouvrage fort sur le…mariage et l’engagement.
Il s’agit aussi du mariage à la Vie, de notre fidélité à la Vie.
 Cette vie qui nous habite 
et cette vie que nous choisissons de vivre.

10 histoires :
Christiane Singer , par de courtes pages
 nous pose la question de ce qui peut faire la qualité d’une vie. 
Loin d’être une méthode qui apporterait trucs et astuces
 pour une vie de belle qualité,
 la lecture de cet ouvrage court nous met dans l’état 
de nous guider nous-même 
à travers nos propres interrogations, sur nos valeurs de vie, 
sur la qualité du choix des décisions que nous prenons.
.
Texte ici
.

Autres livres évoqués sur ce blog :

"Où cours-tu...?"
"Du bon usage des crises"
"Les âges de la vie"
.

54. CITATIONS CHOISIES


Consciemment ou inconsciemment, n'avons nous pas fait serment
de ne jamais laisser s'embourber dans l'insignifiance
cette vie qui nous a été transmise par le sacre de la naissance ?
Chaque fois que le danger rôde de la perdre en futilités, en broutilles,
chaque fois que l'anesthésie la gagne ou que l'asphyxie la plombe,
 comment ne pas réagir ?
 Comment ne pas courir ouvrir les portes et les vantaux ?

Il y a des «appels» dans l'ordre du quotidien
(un besoin de solitude, un désir de voyage, de repli,
 de recul, de retraite, une amitié ardente)
qui signalent à l'autre :
«Tu m'aimes pour cette vie qui m'habite. Elle menace de tarir.
 Pour la refaire jaillir, je dois faire ce pas qui peut être t'effraie ;
mais je dois le faire par respect pour moi et pour toi.»
Exiger de celui qui parle ainsi qu'il fasse taire cet appel,
 c'est mettre en chantier la lente transformation
de la relation en état de mort.

 Celui ou celle qui a été appelé à se mettre de quelque manière en mouvement
 et qui a été retenu - tant pour de bonnes raisons que par peur, par convention -
ne pardonnera pas dans son for intérieur à celui (celle)
 qui d'un seul mot peut-être  a scellé à son pied un boulet.
 Il reste. Elle reste. Mais qui reste au juste?
 Et quelle part s'éloigne ou s'éteint en catimini ?
 Et si c'était précisément la part vibrante
pour laquelle nous nous sommes aimés ?

Le jardinier ne peut pas monter la garde
contre les mulots, les chenilles, les taupes.
Il ne peut pas guetter chaque puceron, chaque bactérie.
 Il ne peut pas arrêter le vent d'ouest ni dissuader la tempête de se déchaîner.
 Il ne peut pas interdire à la grêle de s'abattre.
Il ne peut pas non plus contraindre la plante à pousser plus vite
 en lui tirant les feuilles,  ni vouloir la garder petite.
 Il ne peut que «tenter de mettre toutes les chances du côté de la plante»
et garder vivant avec elle un dialogue.

Ainsi pour la relation qui nous unit.
Je ne peux pas abolir ton destin, ni t'éviter épreuves et difficultés,
 ni enrayer tes échecs, ni provoquer ta réussite, ni entraver tes rencontres.
 Impossible de prendre les commandes de ta vie,
de m'immiscer entre toi et ta peau,
de glisser mon doigt entre ton écorce et ton aubier.
Je ne peux que t'assurer de ma loyauté -
 ne jamais laisser tarir le dialogue entre nous,
 le raviver de neuf chaque jour.

Mieux encore :
je ne peux que respecter l'espace dont tu as besoin pour grandir,
 te mettre à l'abri de ma trop grande sollicitude
de tout envahissement de ces rhizomes souterrains
que sont les discrètes et indiscrètes manipulations de l'amour.
Jamais, quoi que je fasse, je ne serai celui ou celle qui mâche ton pain,
 boit ton eau, jamais je ne respirerai pour toi.
 Jamais ta peau ne m'invitera à m'y glisser.
 Jamais je ne tisserai pour toi les fils de tes rêves ni de tes pensées.
 Et comme tu étais seul à ta naissance, tu seras seul devant ta mort
et seul, mille fois, dans les nuits d'insomnie quand un chien aboie au loin
ou quand une voix que tu es seul à entendre t'appelle.

Vouloir me perdre en toi, me jeter en toi, corps et biens,
 avec tous mes meubles et mes trésors. T'envahir. Te combler.
 Te faire gardien de mes propriétés ! Il n'est pire cruauté.
 Car tu as une vocation, unique, une œuvre à mener à bien.
 Toi-même. Et pour cela, il te faut tout l'espace qui est en toi.
Dire: «Aimer c'est délivrer l'autre de mes bonnes intentions - et de moi-même »
 paraîtra excessif. Pourtant c'est en me détachant de toi
 et en m'ancrant en moi que je commence véritablement d'aimer.

Le cadeau que je peux te faire, c'est de retirer de toi
 toute la volonté de transformation que j'y ai mise - par zèle ou par ignorance,
 la retirer de toi pour la remettre où elle a sa vraie place : en moi.
Ainsi, nous protégerons l'un et l'autre le secret lent et silencieux de nos gestations.
Garde tes distances sans faiblir.
 Il n'est que l'Éros qui puisse les abolir  - pour les faire renaître tout aussitôt.
Garde tes distances.
Non par froideur. Garde-les par ferveur.

 Et cela en sachant - ô paradoxe - que tu n'es qu'une autre part de moi-même.
La part qui ne se laisse ni dominer ni annexer, qui jusqu'au bout te tiendra tête.
L'énigme qu'est l'Autre recule comme l'horizon à chaque pas que tu fais vers lui.
L' Autre est la frontière que la Vie a dressée devant toi,
 afin que tu ne sois pas perverti par ta toute-puissance.»
Ici commence le royaume de l'altérité dans lequel on ne pénètre pas.
 Mais ne rêvons pas de révoquer la dualité.
La fusion du Deux en Un est œuvre divine.
Il n'est que l'Éros qui nous y fasse furtivement goûter.
Et la mort.

Si la première des fidélités, nous la devons à la Vie qui est en nous,
c'est bien d'une vigilance de chaque instant qu'il faut faire preuve.
Tout, sur cette terre, si nous n'en prenons soin,
 est soumis à la lente dégradation de l'entropie.
Quand l'homme cesse de se chercher au-delà de lui-même,
de s'élancer, de se porter en avant,
alors l'eau qui le compose stagne et croupit.
L'élan qui cesse de circuler dans un corps agit comme un poison.
Ces êtres de dialogue, de partage et de mouvance que nous sommes,
 vivent de la magie des rencontres, meurent de leur absence.

Chaque rencontre nous réinvente illico
- que ce soit celle d'un paysage, d'un objet d'art, d'un arbre,
 d'un chat ou d'un enfant, d'un ami ou d'un inconnu.
Un être neuf surgit alors de moi et laisse derrière lui
celui qu'un instant plus tôt je croyais être.
 La rencontre fait résonner en moi des modes et des tons
que je n'avais pas perçus jusqu'alors.
 C'est par la rencontre que dans cet amas diffus, cette nébuleuse
que par commodité j'appelle moi,
s'éclairent et se regroupent les constellations.

Pareille richesse ne se peut épuiser en une seule relation
 aussi privilégiée, aussi forte soit-elle.
Bien davantage: c'est la plénitude tout à l'entour
 qui profite à cette union première et la nourrit.
Si l'un des amants ne supporte pas que l'autre vibre,
vive et aime en dehors de sa présence,
s'il se met à rêver d'être la seule source de son bonheur,
il peut avoir au moins une certitude :
 celle de devenir très vite la seule source de son malheur.

«C'est au vent qui l'ébouriffe, à la tempête qui le ploie
que l'érable rouge doit sa beauté».
 La relation des amants trouve sa vigueur
 dans le jeu des forces qui l'ébranlent.
L'«espace en devenir» qui entoure chaque être
et à l'intérieur duquel il peut grandir, se dilater,
 rayonner, tâtonner, s'élancer, est sacré.
Lorsque, sous prétexte d'attachement,
on le résorbe, la vie commune se dégrade.
Par un mystère, impossible à élucider,
ce sont précisément toutes les rencontres d'une vie
qui nous font peu à peu advenir.
Chaque rencontre me livre d'une manière, tantôt une lettre,
tantôt un mot, tantôt une virgule, un blanc qui, peu à peu,
mis bout à bout vont composer le libellé d'un message
 à moi seul adressé.

Ou mieux encore : chaque rencontre ardente
détient une pièce biscornue du puzzle
qui finira par me composer une vie et qui,
avec la multiplication des pièces disposées, va lentement,
 dans un dégradé de couleurs, laisser apparaître les grands contours,
 les grands thèmes de ma destinée.
Et ce sont les autres qui me livrent - souvent à leur insu -
la clef de mon énigme.
Dans chaque rencontre se révèle un aspect de mon être,
 un visage secret nage à ma rencontre dans l'eau du miroir.
Les rencontres me remettent en mémoire une modalité d'être,
une totalité oubliée.
Elles me cherchent, me trouvent sous les masques.
 Souvent elles me délivrent.
Quand je dis «rencontre ardente»,
je pense à toute la gamme possible de relation entre deux êtres,
 à toutes les modulations existantes dont celle particulière d'amants
ne constitue que l'inflexion extrême.
.




vendredi 6 février 2015

53. VALERIE COLIN-SIMARD : Masculin-Féminin, la grande réconciliation


Aujourd’hui en Occident, au moins sur le plan des principes,
la femme est l’égale de l’homme.
Mais il n’en est pas de même des valeurs du féminin :
compétition, chiffres, intellect sont mis sur un piédestal,
souvent au mépris de nos émotions, de notre créativité.
De notre vie. 

Ce modèle nous convient-il toujours ?
Dans le monde du travail, bien des hommes découvrent 
que les valeurs féminines que sont l’écoute, l’empathie ou la coopération, 
alliées à leurs valeurs masculines, nous donnent du charisme 
et améliorent nos performances. 
Tandis qu’à trop vouloir suivre les seules et uniques valeurs du masculin, 
bien des femmes s’épuisent. 

Nous avons maintenant besoin d’une vision plus vaste, 
qui innove et ouvre les frontières entre les sexes entre nous : 
tel est le message de Valérie Colin-Simard, 
l’auteur de "Quand les femmes s’éveilleront." 
Car ce nouvel équilibre entre valeurs du féminin et du masculin
 est une clé essentielle pour permettre de comprendre
 la crise que nous traversons.

 Il est peut-être le problème le plus urgent de notre temps.
 Et l’enjeu crucial d’un nouveau combat qui vise à libérer
 non seulement les femmes mais aussi les hommes. 
Pour devenir des êtres humains à part entière, 
masculin et féminin à la fois. 
Et entrer dans l’ère de la réconciliation.
.
.




53. CITATIONS CHOISIES

Trouver l'équilibre
D'un côté, notre vie professionnelle, intellectuelle, 
le devoir, la performance, la raison.
De l'autre, nos émotions, nos amours, 
le plaisir, la vie privée, la maison...

Bien entendu, ces deux aspects de notre vie ne sont pas égaux : 
les uns sont importants, les autres moins.
Trouver l'équilibre, c'est rétablir le pont 
entre ces deux dimensions de nous-mêmes, 
les accepter et les laisser exister ensemble.
A égalité.
.

Dire sa vulnérabilité
Principes masculin et féminin sont le prisme à travers lequel
 sans le savoir nous percevons le monde, 
ils sont comme nos deux yeux. 
Si l'un des deux est obscurci, notre vision est partielle
car elle ne nous permet d'appréhender qu'une partie de la réalité. 
Elle est faussée, un peu comme une erreur de cap 
peut conduire un navire au bout de quelque temps
 à dévier considérablement de sa trajectoire initiale.

Or, aujourd'hui, la donne a changé, les cloisons ont sauté.
 Nous avons l'occasion de redresser la barre.
 Les femmes ne sont plus les seules représentantes des valeurs du féminin 
ni les hommes des valeurs du masculin.
...les hommes autrefois faisaient de leur femme 
 les dépositaires de leurs émotions 
qu'ils vivaient ainsi par procuration à travers elle.
 Aujourd'hui, ils s'autorisent à exprimer leur joie,
 leur malaise, leur tristesse ou même à pleurer, à dire leur vulnérabilité. 
Ils sont de plus en plus nombreux à défendre aujourd'hui
les valeurs du féminin.
.

Faire ce que l'on aime 
Si physiquement nous sommes tous hommes OU femmes, 
psychologiquement nous sommes tous habités 
par les valeurs du féminin ET du masculin
Nous sommes en train de devenir des êtres humains à part entière,
 masculins et féminins à la fois.
En route vers la plénitude ?
.

Valérie Colin-Simard
.

.