mercredi 30 décembre 2015

65. DENIS MARQUET : La planète des fous


Voici un livre étonnant, déroutant...et profond.
Un livre qui ne ressemble à aucun autre.


C'est l'histoire de la plus extraordinaire des rencontres, 
de la plus folle des passions. 
Car celui qu'elle aime n'est pas humain. 
Il vient d'une autre galaxie, et d'une autre dimension.

Chez les Subtils, comme ils se nomment eux-mêmes,
 la Terre est connue comme la planète des Fous, 
et c'est bien la folie des Humains 
que cet explorateur de haut niveau 
a reçu pour mission d'étudier. 
Mais l'amour va l'entraîner beaucoup plus loin 
qu'il n'aurait pu l'imaginer...

Roman d'amour, roman initiatique,
 mais aussi satire à l'ironie mordante et jubilatoire,
 le livre de Denis Marquet, 
auteur du prémonitoire Colère, 
nous invite à observer notre propre condition 
d'un point de vue neuf et salutaire. 
Cette prodigieuse odyssée dans les ténèbres de l'humain 
éclaire d'une lumière inconnue le sens de notre aventure ici-bas.
.




65. CITATIONS CHOISIES

- Où se trouve ta planète ?
- Très loin. Mais tout près
- ...
-Immensément loin du point de vue de ton univers matériel. Mais dans l'espace subtil, tout est proche de tout. Néanmoins, ta planète est d'un accès difficile pour nous.
- Pourquoi ?
- Pour des raisons qualitatives. la vibration de la Terre est incroyablement basse. Pour nous y accorder, il est nécessaire d'opérer une ...chute intime.
- Je ne comprends pas.
- Dans la joie, tu t'élèves, n'est-ce pas ? Et dans la dépression, tu t'abaisses...Pour nous rendre, sur ton plan, il nous faut...nous déprimer volontairement.

-Connaissez-vous la vie et la mort ?
- Nous mourons et nous naissons sans cesse, puisque notre délice est la métamorphose. Mais pour vous, n'est-ce pas, la naissance est un tout-début.Et la mort une toute-fin...Nous ignorons cela. Nous sommes et nous changeons.
- Vous avez bien commencé un jour ?
- Je finis et je commence à chaque instant.
- Mais un Grand Commencement ! Le tout premier. Tu n'étais pas, et puis tu es!
- Je n'en ai pas le souvenir. L'Oubli nous délivre continuellement de la charge du passé, pour garder notre espace ouvert à de nouvelles métamorphoses.
- Tu ne te poses pas la question, de ton origine ?
- J'ai ma source dans le Mystère des Mystères. Et de cette source, je ne cesse de jaillir.
- Depuis toujours ?
- Je ne sais pas.

- Comment la vie est-elle organisée, sur ta planète ?
- Elle n'est pas organisée.
- Tu m'as pourtant parlé d'une forme de hiérarchie...
- Elle est précisément là pour veiller à ce qu'aucune organisation n'apparaisse.
- Pour quelle raison ?
- Pour éviter qu'à la spontanéité vivante de l'ajustement créateur ne se substituent la cristallisation-routine et la manie-ritournelle.
- Je ne comprends pas.
Je cherchai dans ses réserves-mémoire une image susceptible de lui faire comprendre ma pensée.
- Pourrais-tu être artiste et fonctionnaire ?
Le fonctionnaire symbolise dans l'organigramme humain le Maître des répétitions, le Prince des procédures et le principal garant de l'ordonnancement communo-culturel.
- Je ne crois pas.
- Nous, Subtils, sommes en quelque sorte des artistes.
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Denis Marquet
"La planète des fous"

dimanche 25 octobre 2015

64. KEN WILBER : Grâce et courage

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Grâce et Courage est le récit émouvant de l’histoire d’amour 
entre le philosophe Ken Wilber et sa femme Treya Killam Wilber 
depuis leur rencontre jusqu’à la mort de Treya, 
cinq ans plus tard, des suites d’un cancer du sein.

 C’est un livre à « deux voix » où s’entremêlent 
des pages du journal intime
que Treya a tenu durant ces années-là, 
et les réflexions de Ken Wilber, 
nourries par son immense connaissance 
des traditions spirituelles. 
Grâce et Courage sublime plusieurs genres : 
un témoignage face au cancer, une histoire d’amour 
et une méditation sur la maladie et la mort 
en tant que voie de développement spirituel.
Ken Wilber, philosophe américain le plus traduit dans le monde, 
est considéré par beaucoup comme le penseur et mystique 
le plus original de notre époque.
 Grâce et Courage, traduit dans 17 langues,
 l’a fait connaître du grand public aux États-Unis. 

Un livre rare. 
Une histoire d’amour qui donne vie à la philosophie pérenne
 à travers toute l’angoisse et l’exaltation de la condition humaine. 
L’honnêteté de Treya Killam Wilber, son énergie et sa compassion 
percent à travers chaque page de son journal, 
merveilleusement tissé au récit de Ken Wilber, 
pour faire de Grâce et Courage 
une authentique expérience de la relation sacrée. 
.
Joan Borysenko, 
auteur de Ce n’est pas la fin du monde
...
Voici un livre extraordinaire 
– à la fois “love story”, drame médical, quête spirituelle,
 et contemplation philosophique et psychologique. 
William Metzger, The Quest Pour ceux qui n’ont jamais lu Ken Wilber, 
Grâce et Courage est de loin la meilleure introduction à sa pensée, 
car il s’y présente pour la première fois en tant qu’individu 
et pose tous les principes de ses précédents livres 
dans un contexte humain.
.
John Wren-Lewis, University of Sydney, 
The Chesterton Review 
...
Si vous voulez voir l’expression d’une profonde spiritualité 
dans un monde plein de mauvaises surprises, 
procurez vous le livre 
et préparez vous à une chevauchée de montagnes russes 
qui vous laissera le souffle coupé… 
et plein d’un espoir plus grand que la vie.
.
John S. Niendorff,
 Science of Mind
.

Vous trouverez une émouvante vidéo 
concernant ce livre ICI,
(elle est en anglais) 
...je n'ai malheureusement pas réussi
à l'intégrer à cet article...
.

Celle que je propose ci-dessous est en français, 
c'est une introduction à la théorie intégrale de Wilber :




64. CITATIONS CHOISIES



A ce jour, j’ai reçu près d’un millier de lettres du monde entier 
dont une grande partie me disent à quel point l’histoire de Treya 
avait été éloquente pour eux et combien elle avait changé leur vie... 
L’histoire de Treya est l’histoire de nous tous. 
On peut se dire que Treya avait tout : intelligence, beauté, charme, intégrité, 
un mariage heureux, une famille formidable. 
Pourtant, comme chacun de nous, elle connaissait le doute, l’insécurité, 
l’autocritique et les incertitudes quant à sa valeur et à son but dans la vie… 
sans parler d’une bataille violente avec une maladie mortelle. 
Mais Treya s’est battu vaillamment avec toutes ces ombres… 
et elle a gagné, dans tous les sens du terme. 
L’histoire de Treya nous parle à tous, 
car elle a affronté ces cauchemars 
avec courage, dignité et grâce.

Et elle nous a laissé ses journaux intimes, 
qui nous racontent exactement comment elle a accompli cela. 
Comment elle utilisa la pleine conscience méditative pour supporter la douleur 
et ainsi dissiper son emprise sur elle. 
Comment, au lieu de se renfermer et de se laisser envahir 
par l’amertume et la colère, 
elle accueillit le monde dans son cœur avec tendresse et amour. 
Comment elle fit face au cancer avec une « équanimité passionnée ». 
Comment elle se débarrassa de tout apitoiement sur son sort 
et choisit de continuer dans la joie. 
Comment elle se libéra de la peur, non pas en la chassant, 
mais en l’accueillant tout entière, immédiatement, 
même lorsqu’il devint évident qu’elle allait bientôt mourir : 
« Je vais prendre la peur et l’amener dans mon cœur. 
Pour rencontrer la douleur et la peur avec ouverture, 
pour les étreindre et leur permettre d’exister. 
Prendre conscience de cela invite un regard émerveillé sur la vie.
 Qui réjouit mon cœur et nourrit mon âme.
 Je ressens une telle joie. 
Je n’essaye pas de “battre” ma maladie ; 
je me laisse être en elle, je lui pardonne. 
Je vais continuer, sans colère ni amertume, 
mais avec détermination et joie. »

Et c’est ce qu’elle a fait, en accueillant à la fois la vie et la mort 
avec une détermination et une joie qui l’emportèrent sur leurs fastidieuses terreurs. 
Si Treya a pu le faire, nous pouvons le faire : 
c’est le message de ce livre, et c’est pour me dire cela que les gens m’écrivent. 
Comment son histoire les a amenés à se souvenir de ce qui compte vraiment. 
Comment sa tentative d’équilibrer en elle le masculin/le faire et le féminin/l’être 
les interpelle dans leurs aspirations les plus profondes dans le monde d’aujourd’hui. 
Comment son remarquable courage les a inspirés 
— des hommes comme des femmes — 
à avancer avec leur propre souffrance insupportable. 
Comment son exemple les a aidés à surmonter les heures sombres 
de leurs propres cauchemars. 
Comment l’“équanimité passionnée” les a installés directement dans l’Être. 
Et pourquoi tous ont compris que ce livre, en dernière lecture, 
a une fin profondément heureuse.

(De nombreuses personnes qui m’écrivent sont des personnes de soutien, 
des proches de malades, ceux qui souffrent doublement : 
de voir un être aimé souffrir, 
et de ne pas se sentir autorisé à avoir leurs propres problèmes. 
Grâce et Courage parle aussi pour eux j’espère.)

Treya et moi avons été ensemble pendant cinq ans. 
Ces années sont gravées dans mon âme. 
Je crois sincèrement avoir tenu ma promesse, 
et je crois sincèrement que je le dois à sa grâce. 
Et je crois que chacun d’entre nous peut rencontrer Treya à nouveau, 
à chaque fois que nous le souhaitons, 
en agissant avec honnêteté, intégrité, et courage - 
car c’est là que demeurent le cœur et l’âme de Treya. 
Si Treya à pu le faire, nous pouvons le faire. 
C’est le message de Grâce et Courage.
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Ken Wilber



jeudi 8 octobre 2015

63. PATRICK DROUOT : Le chaman, le physicien et le mystique




Les très nombreux voyages autour du globe
de cet auteur, physicien de formation,
lui ont permis d'envisager l'épanouissement spirituel 
sous divers angles et notamment sous l'angle du chamanisme...

Patrick Drouot nous fait découvrir ici de façon claire les liens 
qui unissent les savoirs traditionnels ancestraux,
 communs à bien des civilisations
pourtant éloignées géographiquement, 
aux sciences contemporaines les plus pointues
(physique quantique ...entre autre ) 
ainsi qu' aux conceptions mystiques traditionnelles. 

Si votre vie ne se cantonne pas uniquement
aux enseignements-conditionnements 
que vous avez reçus depuis votre enfance, 
mais que votre coeur et votre esprit
cherche et perçoit "autre chose",
 lisez ce livre, il est pour vous et  vous permettra peut-être
la découverte d'autres lectures enrichissantes.
.

(conférence en français, sauf les premières minutes)

Dans cette vidéo, Patrick Drouot parle
d'un autre de ses livres (le dernier) :
"La révolution de la pensée intégrale"




63. CITATIONS CHOISIES


Dès que nous commençons à réaliser à quel point
nous sommes prisonniers de patterns scientifiques,
nous permettons à notre capacité créative
d'être stimulée bien au-delà des limitations
que nous imposions à notre être.

Le physicien anglais David Bohm disait,
dans les dernières années de sa vie,
que l'holomouvement représente un nouvel ordre
qui commence non pas dans les champs d'énergie
ou dans les particules élémentaires,
mais plutôt dans une totalité indivise de la réalité.

Les chamans connaissent l'abondance continue
de toute chose dans la nature
et croient à l'existence d'une toile invisible
de puissance au potentiel infini.
Du monde des esprits, toutes les formes physiques
sont aidées et infusées par cette énergie universelle
qui passe d'un versant de la réalité vers l'autre.

L'homme et la femme de la rue en savent plus
sur les nouveaux modèles de pensée
que les universitaires ou les politiciens.
Leur intuition les conduit à prôner des valeurs riches de sens :
agir à une échelle plus humaine, communier avec la nature
plutôt que chercher à dominer.
Nous assistons actuellement à l'émergence d'une grande connaissance
qui a toujours été présente à l'état latent.;

Je crois que la clé de l'avenir réside
dans l'expérimentation directe.

Les expériences chamaniques sont désormais
comparables aux expériences scientifiques.
Ainsi, ce sont bien les expériences qui permettront aux êtres humains
de communiquer par-delà les cultures et les systèmes religieux.

Il n'existe pas de monde objectif "là-bas dehors",
 mais simplement un processus de connaissance.
Nous créons le monde ensemble
à travers le langage de la conscience
- terme qui pourrait signifier connaître ensemble,
il s'agit donc d'un effort collectif.

Si nous modifions notre vision du monde,
alors nous créons une réalité différente.
.

Patrick Drouot
.

jeudi 27 août 2015

62. CATHERINE BENSAÏD et JEAN-YVES LELOUP : Qui aime quand je t'aime ?



On parle beaucoup d'amour, on le cherche, 
on l'attend, on le désire, on le fuit. 
On espère pouvoir dire un jour "je t'aime" 
à celle ou celui dont on rêve, ou on le dit déjà 
à la compagne, au compagnon de sa vie. 
Mais sait-on ce que l'on dit quand on dit "je t'aime" ? 
Qui est ce "je" qui dit aimer ? 
Et de quel amour s'agit-il ?

Prenant tour à tour la plume,
Catherine Bensaid et Jean-Yves Leloup portent un double regard,
psychanalytique et philosophique, clinique et poétique,
sur cette quête éternelle qui nous concerne tous. Et ils nous invitent à évoluer
sur une "échelle de l'amour" afin de grandir ensemble
vers un amour qui ne se vit plus
dans la demande et la manque, mais dans la plénitude du don.



62. CITATIONS CHOISIES


Je viens à toi avec mon désir, non avec mon manque,
avec ma source, pas seulement avec ma soif.

"Ma relation coule de source."
Ma relation ne se construit pas sur le manque, mais sur le plein.
Elle se nourrit de ce qui est, non de ce qui n'est pas. 
Elle naît du silence, non du bruit. 
Elle s'épanouit dans la solitude, mais ne craint pas la foule. 
Elle s'enrichit dans la diversité, mais ne se perd pas dans la multiplicité. 
Elle se vit dans la liberté et non la contrainte, 
la générosité et non la retenue. 
Elle a la nature du "un" comme la source.

La source est fluide. 
Penser à toi n'est pas
une pensée arrêtée par les mots du manque, 
trop de doutes et surtout de non-dits. 
Une soif jamais assouvie, qui questionne 
ce que tu es ou n'es pas, as ou n'as pas.
Ma pensée vers toi se fait légère,
sans reproches et sans rancunes. 
Quand je pense à toi, je suis avec toi en pensée.
Je ne me contente pas d'avoir une relation avec toi, 
je suis en relation avec toi. 
Ce n'est pas toi ni la relation qui me font vivre ; 
c'est la vie en moi, en toi, qui fait vivre la relation.
(...)
Ce n'est pas mon amour qui est infini, 
ce n'est pas ton amour qui est infini. 
Ce qui est infini est l'amour qui nous unit.
.

Catherine Bensaïd et Jean-Yves Leloup
-De l'amour qui souffre à l'amour qui s'offre-
.



mardi 21 juillet 2015

61. GUILLAUME MUSSO : Demain

image ici

Bon, se nourrir l'esprit, c'est bien...
revoir sa vision du monde...c'est  génial...
mais de temps en temps, se faire plaisir...
c'est indispensable !

Alors, pour une fois, je vous propose un livre
qui, pour les vacances,
sera parfait...

Je ne présente pas l'auteur...vous connaissez sûrement...
il est présent dans tous les "bacs"...
vous le trouverez partout.

J'ai choisi ce livre-là, 
mais j'aurais pu en choisir un autre de lui...
 car ils ont tous cette qualité inestimable :
ils sont impossibles à lâcher !

Ce qui, bien sûr, les rend, par ce simple fait,
"essentiels"... ;-)

D'accord, l'écriture est simple et directe,
sans fioritures...mais je vous jure que 
Musso raconte "diablement" bien les histoires, 
maîtrise les intrigues comme personne...
crée des rebondissements incroyables
et maintient un suspense absolu
d'un bout à l'autre du roman...
(Dans celui-ci en particulier : 
je vous défie de trouver la fin
avant les toutes dernières pages...
et encore !)

Résumé du livre ICI

Ne cherchez donc plus pourquoi cet auteur
est en tête des ventes :
non seulement il est intelligent,
mais il a du coeur 
et il a l'art de mêler plusieurs genres 
(sentimental, fantastique et policier)
avec  bonheur...

C'est d'ailleurs tout ce que vous risquez
en lisant ce livre :
quelques heures de bonheur...
Quoique...il y a quand même un danger :
vous risquez fort d'oublier...
de remettre votre crème solaire ! :-)
.
La Licorne
.





61. CITATIONS CHOISIES


Il prenait désormais l'existence pour ce qu'elle était : 
quelque chose d'éminemment précaire et instable, 
un processus en perpétuelle évolution. 
Rien n'était immuable, surtout pas le bonheur. 
Fragile comme le verre,
 il ne devait pas être considéré comme un acquis, 
lui qui pouvait ne durer qu'un instant. 
.

On n’est pas celui que l’on voit dans le miroir.
On est celui qui brille dans le regard d’autrui.
.

Aimer quelqu'un pour son apparence, 
c'est comme aimer un livre pour sa reliure.


A quelques mètres de là, assise sur un banc, 
Emma observait la scène 
sans chercher à dissimuler sa présence. 
Elle ne courait aucun risque d'être repérée 
puisque le "Matthew de 2010" 
ne connaissait ni son visage ni même son existence.

.
Car son pire ennemi n’était pas lui .. 
Son pire ennemi, c’était elle-même .. 
Elle ne pouvait se résoudre à vivre sans passion .. 
Derrière son côté lisse et drôle, elle connaissait son impulsivité, 
son instabilité émotionnelle qui, lorsqu’elles prenaient le dessus, 
la plongeaient alternativement dans des périodes 
de profonde dépression et d’euphorie incontrôlable ..
.

Les folies que l'on regrette le plus 
sont celles que l'on n'a pas commises 
quand on en avait l'occasion ...
.

Jusqu'où pouvait-on impunément déjouer les plans du destin ?
Quel serait le prix à payer pour avoir voulu
défier les lois du temps et échapper à la fatalité ?
Elle n'allait pas tarder à le savoir. Elle régla sa course,
descendit de la voiture et poussa la porte du restaurant italien.
.

Guillaume Musso





lundi 6 juillet 2015

60. DOMINIQUE CASTERMAN : La conjonction des savoirs



La conjonction des savoirs veut mettre en avant 
que les grandes traditions spirituelles, 
la psychologie des profondeurs et la science 
peuvent être vus comme des itinéraires indissociables 
mettant en évidence l'idée de la totalité indivise du réel. 

Chacune de ces démarches s'accorde à penser 
qu'au niveau le plus profond, le plus fondamental, tout est relié :
l'univers et la conscience sont conçus 
comme un tissu dynamique d'évènements interconnectés.

Ce que certains êtres ont perçu ou vu, 
depuis des millénaires, de la Réalité, 
rejoint désormais ce que les physiciens constatent : 
la vie est relation, information, interdépendance 
de tous les éléments d'un tout.

L'auteur nous invite à une transformation radicale 
de notre façon de penser 
et de nous représenter le monde et l'univers.
Il contribue à l'éclosion d'un autre regard sur le monde, 
projette quelques lumières nouvelles sur la condition humaine, 
en nous entraînant dans une enquête 
sur la nature de la réalité au-delà du monde visible ;

Et propose au lecteur un itinéraire qui peut faire découvrir 
que la plupart de nos idées sur la conscience, la matière, 
le temps, la causalité, la vie, la mort...
sont entièrement à revisiter.

Il s'agit de comprendre le réel en fonction 
d'une unité sous-jacente et englobante 
qui abolit les contradictions apparentes.
Pour cela il est nécessaire de sortir du rêve de la conscience séparée 
imposée par l'identification exclusive au moi 
et se débarrasser progressivement 
des habitudes de penser logiquement selon les règles du dualisme.
Il s'agit de voir que notre existence individuelle 
se structure dynamiquement et complémentairement 
avec le reste de l'univers.

Dans l'acquisition de ce nouveau point de vue, 
les dualités observateur et chose observée, corps et esprit, 
matière et conscience, passé - présent - futur, 
n'ont plus vraiment de sens puisque les opposés 
sont l'expression dépliée d'une même réalité fondamentale : 
un flux uni et indéfinissable.

Il importe de franchir sans peur 
le passage de la connaissance intellectuelle à la connaissance vécue,
 impliquant un changement profond dans la perception de nous-mêmes 
et donc de l'existence toute entière. 
Il s'agit aussi d'une démarche de connaissance de soi incontournable, 
d'une nouvelle manière de penser par soi-même, 
d'être dans la réalité quotidienne 
et peut-être de trouver la voie de la paix intérieure 
dans la plénitude de la conscience.
.



Désolée :
je n'ai trouvé aucune vidéo
en lien direct avec le livre proposé...
N'ayant pas le temps  d'aller  interviewer
Dominique Casterman moi-même... :-),
je vous propose celles-ci :

La première, en anglais, de David Bohm...
intitulée "Totalité et Fragmentation"...

Et la deuxième de Frédéric Lenoir, 
qui, elle, est un peu hors-sujet...
mais qui permet néanmoins d'entrevoir
un peu  les liens possibles
entre science et spiritualité...
.



60. CITATIONS CHOISIES


La religion, la science, l'art, dans leur intelligibilité fondamentale,
ne sont pas incompatibles mais inséparablement unis.
Ces différentes attitudes de l'esprit devant le monde 
sont interdépendantes.
Il est donc important de rétablir un dialogue, 
souvent occulté par une vision excessivement fragmentaire, 
entre ces aspects particuliers de la culture humaine...
.
Il est difficile de na pas voir que notre civilisation,
dans le passé comme dans le présent,
a souffert et souffre encore 
d'une espèce de perte ou de faillite du sens.
Chacun le vit comme un sentiment de "vide intérieur", 
d'absence de sens ou simplement d'absurdité de la vie.
Le problème réside en ce que le sens implique la valeur, 
et si la vie est dépourvue de sens, elle revêt une valeur nulle 
et ne vaut donc pas la peine d'être vécue.
.
Les grandes traditions spirituelles, et aujourd'hui la science,
évoquent l'existence d'une autre réalité 
que celle qui tombe directement sous le sens.
Ces deux approches de la réalité nous acheminent 
aux confins des territoires objectivement observables,
là où le sens de l'univers se déploie 
dans le vécu de notre conscience
pour rayonner d'un sentiment intense d'unité intérieure 
et de participation cosmique.
.
La spiritualité, la psychologie des profondeurs et la science 
peuvent être des itinéraires complémentaires 
sans pour autant se fonder l'un sur l'autre,
au regard d'une prise de conscience globale du fait relationnel 
au sens où l'univers n'est pas un agrégat 
de parties élémentaires séparées les unes des autres 
avec seulement des interactions externes.

A un niveau plus profond, 
celui où tend chacune des disciplines évoquées, 
tout est relié, 
chaque partie est potentiellement présente 
dans toutes les autres et réciproquement.
.
La fragmentation est une abstraction,
une convention parfois pratique,
mais aucun des termes constituants les pôles opposés 
n'est cause de l'autre.
La matière ne cause pas l'esprit,
l'esprit ne cause pas la matière,
ils s'auto-produisent mutuellement...
.
Dominique Casterman
.

mercredi 27 mai 2015

59. SATPREM : La légende de l'avenir



Dès le début de "La légende de l'avenir", 
c'est la joie retrouvée de lire Satprem,
au style fluide et lumineux. 
On touche à l'essentiel à chaque page,
mais avec légèreté, une profondeur légère,
 une poésie de la quête de la vérité sans concession, 
avec l'amour fraternel en filigrane :

     « En savons-nous plus maintenant
qu'au temps de Socrate ou de la reine Nefertiti ? 
Et quel pouvoir avons-nous sur notre destin et notre monde ? »
    « Nous vivons dans une Ignorance totale des vraies lois de la vie. 
L'occident a voulu nous convaincre de la supériorité 
de sa Science et de ses Eglises.

Mais aujourd'hui nous vivons 
dans un mensonge plus hideux que Hitler, 
qui, au moins, avait sa tête bien reconnaissable, 
maintenant le Monstre a mille têtes et mille bouches, 
un innombrable Mensonge hypocrite et hypnotique, 
quand il n'est pas ouvertement cruel. La Barbarie galope. »

     « Quelquefois, on ose se dire : il n'y a pas de "connaissance",
 il n'y a que des re-connaissances : 
ce quelque chose qui jaillit soudain et c'est ça.
    [...] Et si cette seconde inattendue n'était pas longuement mûrie ?

    Si ce Sourire ensoleillé ne venait pas d'une très vieille tendresse oubliée 
et ce Soleil n'avait pas toujours été au fond de nos années nocturnes 
sur un chemin joli qui courait avec nous depuis toujours ?
    Nous habitons une Forteresse d'Ignorance, et quelquefois ça craque
 — juste une petite racine tenace qui passe le nez dehors »
.
Présentation du livre 
trouvée chez Arianil
.




59. CITATIONS CHOISIES

Est-ce incurable ?
Ce vieux monde a trouvé le moyen 
de guérir bien des maux  et bien des formes périmées. 
Cette vieille Terre a toujours trouvé le moyen.

Cette Matière "terrifiante" qu'il faut marteler et marteler encore
pour extraire la conscience somnambule qui est là
et qui pourrait tout changer. 
N'avons-nous pas été assez martelés pour comprendre,
 enfin, notre propre secret. 
Ou faudra-t-il encore quelque accident "naturel" pour nous délivrer ?
Nous vivons dans l'illusion terrible d'une fausse conscience qui nous dévore - 
et ce n'est pas une illusion bouddhique, c'est une illusion physique, 
comme celle d'une plante qui ne trouverait pas son soleil.

La plante, ça veut du large, de l'air, de l'eau qui coule. 
Et qu'est-ce qui coule dans nos veines ? 
Qu'est-ce que cette fameuse hérédité que l'on voudrait nous coller sur le dos, 
pour marcher de plus en plus courbé et lourd sous le poids d'un vieux pot 
dans lequel on voudrait nous empoter pour toujours. 
Ce ne sont plus du tout nos cellules qui sentent et qui deviennent !
 C'est l'hypnotisme collectif du vieux château-fort 
dans lequel nous vivons, et qui nous étouffe.

"Nous sommes drogués par la domination de la Matière."

Mais cette Matière n'est même plus ce qu'elle était jadis, brute et poreuse ! 
Nous l'avons dogmatisée, durcie, couverte de péchés mortels et médicaux 
- et tout est mortel là-dedans. 
Mais où était le "mortel" dans la première plante des Âges ?
 ça poussait, tout simplement et indiscutablement, 
et si ça ne poussait pas là, ça poussait autrement et contournait l'obstacle. 
Mais maintenant, l'obstacle est devenu incontournable, 
c'est du béton pensant et qui devient ce qu'il pense, 
ou ce que pensent les dogmes et les slogans à la mode.

"Nos corps ont été fatalement endoctrinés par le mental 
et convertis à de fausses habitudes."

Ce sont des "lois" disent-ils, mais la vieille terre se moquait bien des lois !
Qu'elle ignorait ou arrangeait à sa façon
par la vieille poussée puissante qui la poussait ; 
elle faisait même des "miracles" à sa façon, 
que nul homme ne serait capable d'inventer ou rares de supporter - 
c'est très insupportable, les miracles, 
c'est comme d'entrer subitement dans une autre peau.

Peut-être  nous faut-il changer de peau, et respirer un autre air..
ou une autre conscience.
Nous, les "conquérants" de toutes les limites,
 les "conquistadores" de toutes les découvertes, 
nous ne nous sommes pas aperçus d'une simple chose : 
notre Limite, c'est l'instrument même dont nous nous servons 
pour mesurer la matière et pour calculer exactement 
la géographie de nos propres yeux : 
c'est le Mental.

Comme les nageoires et les branchies du poisson étaient l'instrument 
pour mesurer leur monde, et en même temps leur limite pour devenir terrien. 
Ce Mental périmé, hypnotique, drogué par sa propre science, 
devenu tout à fait dément et barbare, c'est notre Limite immédiate à conquérir 
pour débarquer sur la prochaine Terre et dans notre prochain corps : 
un corps conscient et libre de son vieil esclavage 
aux prétendues "lois" de la Matière.

"Une loi quelconque est simplement un équilibre établi par la nature, 
c'est une stabilisation de forces. 
Mais ce n'est qu'un sillon dans lequel la Nature
a pris l"habitude de travailler  pour obtenir certains résultats. 
Si vous changez de conscience, 
le sillon change aussi , nécessairement."

C'est le prochain miracle qui nous attend.
mais il faut le vouloir.
Après tout, cette Matière n'est peut-être pas "terrifiante", ni mortelle, 
elle est miraculeuse.
Mais il faut le vouloir et changer de peau à temps.
"Je veux savoir le Vrai" disait Oedipe.

Avec une pointe d'humour, Mère disait :
"La mort est la plus enracinée de toutes les habitudes." 

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Satprem
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vendredi 15 mai 2015

58 : ANNE ANCELIN-SCHÜTZENBERGER : Aïe mes aïeux !



Anne Ancelin-Schützenberger livre dans cet ouvrage
à travers son analyse clinique et sa pratique professionnelle 
de près d'une vingtaine d'années, 
une "thérapie transgénérationnelle psychogénéalogique contextuelle". 
En langage courant, ceci signifie que nous sommes un maillon 
dans la chaîne des générations et que nous avons parfois, curieusement,
à "payer les dettes" du passé de nos aïeux.

C'est une sorte de "loyauté invisible" qui nous pousse à répéter, 
que nous le voulions ou non, que nous le sachions ou pas, 
des situations agréables ou des événements douloureux. 
Nous sommes moins libres que nous le croyons, 
mais nous avons la possibilité de reconquérir notre liberté 
et de sortir du destin répétitif de notre histoire, 
en comprenant les liens complexes
qui se sont tissés dans notre famille.

Un livre passionnant et truffé d'exemples  qui s'inscrit 
parmi les toutes récentes recherches en psychothérapie intégrative. 
Il met particulièrement en évidence les liens transgénérationnels, 
le syndrome d'anniversaire, le non-dit-secret 
et sa transformation en un "impensé dévastateur".





Publié en 1993, "Aïe mes aïeux !" fut l'un des premiers livres
sur le thème de la psychogénéalogie à rencontrer le succès...
Rapidement devenu best-seller, il fut traduit dans le monde entier,
fut régulièrement réédité et contribua beaucoup
au développement de cette nouvelle approche...
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58. CITATIONS CHOISIES



En intégrant dans ma pratique avec des malades 
certains des outils conceptuels de Boszormenyi-Nagy, 
je me suis rendu compte que le potentiel de changement 
inhérent aux relations intrafamiliales est plus déterminant 
que le potentiel de guérison individuel ; 
il est beaucoup plus déterminant encore 
que tout ce qui pourrait se passer en relation dyadique, 
en psychothérapie individuelle -une relation médecin-malade, 
psychiatre-malade, psychanalyste-client.

Pour obtenir un changement dans le comportement 
ou l'état de santé d'un malade, il faudrait déterminer ses croyances 
et viser à mobiliser le levier inhérent 
au réseau relationnel familial tout entier (leurs croyances) 
si on veut enclencher un processus de changement de la famille.

François Tosquelles, psychiatre français d'origine espagnole, 
qui dirigeait autrefois l'hôpital psychiatrique de saint-Alban en Lozère 
et un institut médico-pédagogique, avait découvert 
que lorsqu'il soignait et guérissait un enfant psychotique, 
qu'il le rendait à sa famille, l'année suivante ou dans les six mois, 
la famille lui donnait à traiter un autre enfant devenu malade.

Si on guérit un individu sans toucher à l'ensemble de la famille, 
si on n'a pas compris les répétitions transgénérationnelles, 
on n'a pas fait grand-chose en thérapie. 
Cela n'est souvent qu'un mieux provisoire. 
Cette façon de voir remet en question
toutes les psychothérapies existantes, 
classiques et nouvelles, y compris les plus célèbres, 
les plus sérieuses, les plus respectées, 
y compris la psychanalyse individuelle si vous voulez.

On s'aperçoit que pour que les gens changent vraiment et de façon durable, 
il faut que le système familial, social et professionnel les laissent changer, 
que les croyances changent.

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Anne Ancelin-Schützenberger
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samedi 2 mai 2015

57 - ANNY DUPEREY : Le voile noir



"J'avais pensé, logiquement,
dédier ces pages à la mémoire de mes parents -
de mon père, surtout, l'auteur de la plupart des photos,
qui sont la base et la raison d'être de ce livre.
Curieusement, je n'en ai pas envie.
Leur dédier ce livre me semble une coquetterie inutile et fausse.
Je n'ai jamais déposé une fleur sur leur tombe,
ni même remis les pieds dans le cimetière où ils sont enterrés.
Sans doute parce que obscurément je leur en veux
d'avoir disparu si jeunes, si beaux, sans l'excuse de la maladie,
sans même l'avoir voulu, quasiment par inadvertance.
C'est impardonnable.

Mon père fit ces photos. Je les trouve belles.
Il avait, je crois, beaucoup de talent.
J'avais depuis des années l'envie de les montrer.
Parallèlement, montait en moi la sourde envie d'écrire,
sans avoir recours au masque de la fiction,
sur mon enfance coupée en deux.
Ces deux envies se sont tout naturellement rejointes
et justifiées l'une l'autre.

Ces photos sont beaucoup plus pour moi que de belles images,
elles me tiennent lieu de mémoire.
J'ai le sentiment que ma vie a commencé le jour de leur mort -
il ne me reste rien d'avant, d'eux,
que ces images en noir et blanc."
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Anny Duperey
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Un livre bouleversant, poignant.
Une plongée courageuse et minutieuse
dans une enfance lointaine, disparue, occultée...
Le récit d'une longue recherche personnelle
et d'une "traversée du miroir"
pour lever un peu de ce "voile"
recouvrant le passé ..

Une lecture qui parlera
à tous ceux qui connaissent
l'emprise douloureuse de la perte
et des souvenirs perdus dans le noir.
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La Licorne
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P-S : Après la publication de ce livre,
l'auteure ayant reçu de nombreuses lettres émouvantes...
elle décidera de les rassembler dans un second ouvrage,
magnifique lui aussi,
et que je vous conseille également :
"Je vous écris"
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57- CITATIONS CHOISIES


Ma soeur ne connaissait pas cette photo de nos parents à l'église, 
le jour de leur mariage.
En la découvrant, elle eu un recul devant la tristesse qu'elle dégage et me dit :
- Hooo... Qu'est ce que c'est que ça, un enterrement ?
- Non. Leur mariage.
Et on a ri, mais on a ri !!!
.

Après avoir si longtemps refusé de souffrir, 
mes défenses s'amenuisent, tombent les unes après les autres, 
et plus je m'ouvre plus je ressens vivace la douleur qui me vient d'EUX, 
même si elle attendait, tapie en moi, 
que je la reconnaisse pour prendre tout son pouvoir.
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Il faudrait à présent - et cette seule pensée m'arrache le coeur - 
qu'ils deviennent de "vrais morts qu'on n'APPELLE plus". 
Ils m'ont quittée, il faudrait maintenant que je les laisse partir de moi, 
décider que cette manière de vivre avec deux morts en filigrane 
entre moi et toute chose a fait son temps.
Il faudrait arrêter de se battre, faire la paix. 
Grandir.
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Anny Duperey
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dimanche 5 avril 2015

56. JEAN-CHRISTOPHE RUFIN : Globalia


Voilà un livre hors du commun...
un livre qui restera, à mon avis, dans vos mémoires...

Globalia est une fable politique, un roman d'anticipation
dans la lignée du "Meilleur des mondes" ou de "1984"....

Au travers des aventures de deux jeunes gens
d'une vingtaine d'années, Kate et Baïkal,
ce roman dénonce ce que pourrait devenir notre société mondialisée
si certaines de ses tendances étaient poussées à leur paroxysme :

fracture définitive entre les riches et les pauvres,
dépolitisation totale, ignorance de l'histoire,
hédonisme individualiste,
peur obsessionnelle du terrorisme,
des risques écologiques et de la paupérisation
 utilisée comme facteur de cohésion sociale,
contrôle de l'information et de la force publique
par un oligopole de sociétés multinationales.

La force de l'auteur est d'avoir écrit un livre qui,
bien que de "science-fiction"
nous ramène à chaque page ou presque
à notre société actuelle...
tous les excès évoqués
ont comme un parfum de "déjà vu"...
ou de "presque vu"...
ce qui en rend la lecture à la fois captivante
 et...terrifiante.

Un chef d'oeuvre sur le fond...
et sur la forme aussi,
car l'écriture est tout en finesse.



Plus de  détails
dans la vidéo ci-dessous :



56. CITATIONS CHOISIES

 
 
En Globalia
On n’écrit plus, tout est informatisé
On vit vieux avec toute sorte de chirurgie esthétique
Une loi bannit toute utilisation industrielle des produits naturels 
(un des textes les plus anciens de Globalia) : bois pour le papier, le cuir…
Les voitures roulent seules, elles ont l’anticollision, le radar latéral, le GPS…
La moyenne pour avoir des enfants est de 61 ans
Les feux sont interdits, l’oxygène élevé au rang de bien précieux.


Les livres sont morts dans leur graisse. 
Chaque fois que les livres sont rares, ils résistent bien. 
A l’extrême, si vous les interdisez, ils deviennent infiniment précieux. 
Interdire les livres, c’est les rendre désirables. 
Toutes les dictatures ont connu cette expérience. 
En Globalia, on a fait le contraire : on a multiplié les livres à l’infini. 
On les a noyés dans leur graisse jusqu’à leur ôter toute valeur, 
jusqu’à ce qu’ils deviennent insignifiants.


Globalia, où nous avons la chance de vivre, 
proclamait le psychologue, est une démocratie idéale. 
Chacun y est libre de ses actes. 
Or la tendance naturelle des êtres humains est d’abuser de leur liberté, 
c’est à dire d’empiéter sur celle des autres. 
La plus grande menace sur la liberté, c’est la liberté elle-même. 
Comment défendre la liberté contre elle-même ? 
En garantissant à tous la sécurité. 
La sécurité c’est la liberté.
La sécurité, c’est la protection. 
La protection, c’est la surveillance. 
La surveillance, c’est la liberté. »


Toute la planète était commise à l’obligation de fournir chaque jour 
son quota d’accidents de transports, de meurtres, 
d’escroquerie et de colère des éléments…. 
Les victimes étaient les véritables vedettes de ces spectacles… 
Malgré le choc et la douleur, on percevait toujours dans leurs yeux 
le reflet d’un immense bonheur : 
celui d’acquérir un instant une existence réelle dans le monde virtuel.


Le problème, je vous l’ai dit, c’est que les gens ont besoin de la peur… 
Pourquoi croyez-vous qu’ils allument leurs écrans chaque soir ? 
Pour savoir à quoi ils ont échappé… La peur est rare, voyez-vous. 
La vraie peur, celle à laquelle on peut s’identifier, 
celle qui vous frôle au point de vous cuire la peau, 
celle qui entre dans la mémoire et y tourne en boucle jour et nuit. 
Et pourtant, cette denrée-là est vitale. 
Dans une société de liberté, c’est la seule chose qui fait tenir les gens ensemble. 
Sans menace, sans ennemi, sans peur, pourquoi obéir, pourquoi travailler, 
pourquoi accepter l’ordre des choses ?
 Croyez-moi, un bon ennemi est la clef d’une société équilibrée. 
Cet ennemi-là, nous ne l’avons plus…. 
Nous sommes victimes de notre succès, en un sens. 
La protection sociale a bien travaillé. 
Les églises, les mosquées, les synagogues, les sectes, 
les banlieues, les associations sont truffées d’indicateurs. 
Tout est donc sous contrôle. 
Le danger, nous l’avons repoussé à l’extérieur, dans les non-zones. 
Mais les non-zones sont isolées, morcelées,
 à ce point bombardées que toute force organisée y a été aussi cassée…. 
Si nous voulons de bons ennemis, ce sera à nous de susciter des vocations. 
La vôtre, par exemple. Nous vous pourvoirons seulement de l’indispensable 
pour que vous puissiez survivre.


Nous cherchons la haine, pas le mépris. Il faut qu’il soit pris au sérieux. 
C’est pourquoi nous envisageons d’organiser rapidement
 la fuite de quelques documents soigneusement élaborés par nos soins. 
Ils prouveront que le Nouvel Ennemi 
a été actif et nuisible dès son plus jeune âge.


Ce programme peut être résumé en trois points :
- Séparation stricte et définitive entre ce qui devra constituer Globalia 
et ce qu’il faut rejeter à l’extérieur.
- Destruction de toute forme d’organisation politique hors de Globalia
- Maintien d’un  haut degré de cohésion sur tout notre territoire 
grâce à une forte armature de sécurité intérieure.
Toutefois, on ne saurait insister sur l’importance des mentalités. 
La cohésion en Globalia ne peut être assurée 
qu’en sensibilisant sans relâche les populations à un certain nombre de dangers : 
le terrorisme bien sûr, les risques écologiques et la paupérisation. 
Le ciment social doit être la peur de ces trois périls 
et l’idée que seule la démocratie globalienne
peut leur apporter un remède.


Vous continuez de rêver d’un monde ou les qualités que vous sentez en vous, 
le courage, l’imagination, le goût de l’aventure et du sacrifice trouveraient à s’employer. 
Et c’est pour cela que vous regardez vers les non-zones…. 
Après toutes ces années d’effort pour éradiquer l’idéalisme,
 l’utopie, le romantisme révolutionnaire, 
découvrir encore des esprits comme le vôtre
 relève vraiment du miracle…

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Jean-Christophe Rufin
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