vendredi 17 janvier 2014

32. CITATIONS CHOISIES


"Ad accedendum ad caelum, terram fodere opportet" :
Il faut fouiller la terre pour accéder au ciel.
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Victoire ! Elle a trouvé l'endroit secret.
La pièce dérobée n'était pas dans les murs,
elle était dans les profondeurs du ventre,
dans les entrailles souterraines.
Les entrailles, ainsi que l'Ange le lui avait indiqué !
Guillaume avait donc eu une juste intuition
quand il devinait une grotte...
(...)
Cri de délivrance. Les dernières pierres ont fini par être expulsées.
Johanna retire la branche d'acier et contemple le conduit avec anxiété.
Noir. Tout est noir. Elle approche une torche.
Le chemin vertical qui descend dans l'abîme
a été creusé par des hommes.
(...)
Le boyau est étroit.
Le blouson de Johanna racle les parois de pierre.
Sensation de descente dans l'abîme et de communion avec le granite.
Impression de pénétrer son propre ventre.
La peur a disparu au profit de la certitude du temps  suspendu à ses jambes
qui franchissent les échelons comme on retourne en arrière,
à l'arrière de l'histoire, au-delà du miroir déformé par l'imaginaire.
Ses pieds touchent le sol caillouteux.
Elle lâche l'échelle et saisit la torche
dont le cercle lumineux jaillit de sa poche de poitrine.
Elle fait face au mystère et lui plante sa lumière dans le coeur.
Une grotte apparaît brusquement.
Une grotte circulaire, naturelle,
qui lui évoque celle du Mont Gargan.
(...)
Dans les viscères de la montagne, à quatre heures cinquante du matin,
Johanna rampe dans le tunnel étriqué.
Le roc, toujours. la chaleur éreintante.
La sueur visqueuse comme le sang de ses mains et de ses épaules.(...)
 Elle s'arrête, reprend son calme, essuie ses verres à son débardeur trempé
puis continue sa progression. (...) Elle déblaie telle une taupe.
Il lui semble que les couleurs sont différentes, plus claires.
Voilà la tenture naturelle. Elle l'écarte, se blesse avec joie aux épines
 et contemple la fenêtre qu'elle vient d'ouvrir.
Une fenêtre du plus beau bleu du monde,
 doux et violent à la fois, sans tache, sans astre,
rempli de piaillements mélodieux  et elle se dit que ces chants
sont ceux de tous les morts l'accueillant dans la vie.
Elle éteint sa lampe.
Le ciel.
Elle a fouillé la terre et elle a accédé au ciel,
où l'aube est une hostie.
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Frédéric Lenoir et Violette Cabesos
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